Publié : ven. 01 juil. 2005 1:37 pm
L'affaire de la "vel satis folle" était-elle un bobard ? Voici la décision de justice concernant cette histoire
RÉGULATEURS Le rapport exclut un dysfonctionnement
Vel Satis folle : l'expertise disculpe Renault
Jacques Chevalier
[01 juillet 2005]
L'horizon de Renault s'éclaircit après la période sombre de ces derniers mois où la fiabilité de ses régulateurs de vitesse a été mise en cause par plusieurs automobilistes. Hier, le premier rapport d'expertise, concernant la Renault Vel Satis dont le chauffeur prétendait qu'une panne de régulateur l'avait obligé à rouler, le 3 octobre dernier, à près de 200 km/h sur l'A 71 dans le Massif central, a mis hors de cause l'ensemble du véhicule, ses systèmes, différents composants et liaisons électriques (lire ci-dessous).
Les deux experts, qui ont pris le temps nécessaire pour examiner en détail la Renault, concluent : «Les investigations sur un plan technique du véhicule Vel Satis (...) et les essais de ce véhicule sur piste écartent tout dysfonctionnement qui aurait pu se produire sur la fonction régulation de vitesse (...).»
Dans son communiqué, le tribunal de grande instance de Bourges, qui avait commandé ce rapport, rappelle que «les experts avaient pour mission de s'assurer de l'absence de toute intervention susceptible d'avoir altéré les conditions d'examen du véhicule, de se prononcer sur la réalité des faits rapportés par le conducteur et d'examiner toutes les hypothèses envisageables». En d'autres termes, les analysés ont porté sur la voiture depuis sa naissance sur chaîne, sur toutes les péripéties de son existence et sur chacune des pièces qui auraient pu être changées.
Après ce luxe de précautions, ces conclusions apportent une vraie bouffée d'oxygène à Renault qui se voit – mais il n'est pas le seul constructeur – confronté depuis cette première affaire à des plaintes de clients, accidentés ou non. Tous se disent victimes d'un véhicule échappant à leur contrôle, n'obéissant plus qu'au régulateur bloqué sur une vitesse. Des dossiers très délicats à instruire face à l'extrême complexité des voitures modernes, dont l'électronique embarquée peut égaler celle des avions d'il y a vingt ans. En outre, les composants varient en fonction des modèles et des fournisseurs.
Si le doute a vite surgi sur la réalité du cas de la Vel Satis, l'affaire fit tant de bruit que plusieurs témoignages «sponta-nés» ont fleuri dans les semaines suivantes avec une nuance d'importance : pratiquement tous les plaignants étaient français et avaient été victimes d'un accident, parfois grave. Ce n'était pas le cas d'Hicham Draa qui affirmait avoir roulé durant 150 km à près de 200 km/h avant de pouvoir s'arrêter sans mal près de Riom (Puy-de-Dôme). Selon des sources proches de l'enquête, confirmées par le rapport des experts, il n'aurait même pas enclenché son régulateur.
Pour autant, ces premières conclusions ne préjugent en rien des autres affaires. Un autre dossier en cours devant la justice concerne une Clio. Celle-ci était venue percuter violemment, sur une voie rapide périurbaine de Bordeaux, l'arrière de véhicules ralentis par un bouchon. Le rapport qui devait être remis dans les prochains jours disculperait également Renault, constatant notamment au travers du capteur d'airbag, qu'aucun freinage violent n'a été tenté par la conductrice. «Il semble que l'on soit en présence d'une utilisation de régulateur en circulation dense», dit un témoin proche de l'enquête, un cas de figure à éviter évidemment. Mais un complément d'enquête a été demandé sur deux points par les avocats de la plaignante, ce qui retarde la remise des conclusions définitives à l'automne.