
La continuité :
Après 6 ans de carrière, la Ferrari 348, la petite Ferrari à moteur V8 centrale arrière qui sert de prix d’appel dans la gamme du constructeur, doit céder la place à un nouveau modèle. Une carrière aussi courte signifie que le nouveau modèle ne sera qu’une évolution comme on a pu le voir à plusieurs reprises du côté de Maranello. On a par exemple vu la 308 évoluer par petites touches pour passer à l’injection, au 4 soupapes par cylindre et même grossir en cylindrée pour devenir la 328.
La 348 a permis à Ferrari de relancer la marque dans le secteur très prisée des petites sportives haut de gamme. Elle offrait des performances largement en hausse par rapport aux anciens modèles, une qualité perçue plus évidente, une plus grande facilité de conduite et un entretien plus simple et moins couteux.
L’idée est de reprendre le meilleur de l’existant et de l’améliorer pour en faire un nouveau modèle, une nouvelle 348 plus à la plage pour mieux contrer la concurrence qui s’organise de mieux en mieux. Ferrari va aussi va utiliser de plus en plus expérience de la formule 1 pour l’appliquer à ses modèles de route.

Grosse mise à jour :
Le moteur de la 348 subit une cure de puissance. Il reste un v8 ouvert à 90° mais le 3,4l passe à 3,5l et devient un 3496 cc (3405 cc à l’origine) grâce à augmentation de 2 mm de la course. La puissance fait un bon en avant impressionnant et propose désormais 380 ch à 8 250 t/m, soit 80 de plus que celui de la 348 d’origine. Ce moteur a la particularité de recevoir des culasses à 5 soupapes par cylindre (3 pour l’admission, 2 pour l’échappement). De même, de nombreuses pièces internes sont en métaux légers dont des bielles en titane. L’injection est assurée par une Bosh Motronic 2.7. Le couple est de 37 m/kg à 6 000 t/m. Le 0 à 100 est couvert en 5,3s et la vitesse de pointe est de 295 km/h.
La lubrification est à carter sec. Une boite de vitesse à 6 rapports manuels est montée. Cette nouvelle unité résout les problèmes de changements difficiles à froid grâce à un échangeur de chaleur avec le liquide de refroidissement.
Ce moteur va donner le nom de baptême de ce nouveau modèle : 35 pour la cylindrée de 3,5l et le dernier 5, pour les 5 soupapes


Le style est comme toujours dû à Pininfarina et fait suite à de nombreuses études en aérodynamique avec plus de 1300 heures passées en soufflerie. Le soubassement est entièrement caréné afin de gérer des flux d’air et augmenter l’appui à haute vitesse avec une face avant qui guide l’air vers le fond plat. Le Cx est de seulement 0,32 avec un appui de 100 kg à vitesse maximale.
Le dessin général reprend celui de la 348, la F355 étant un gros restylage. Les feux arrière sous grille et rectangulaires de la 345 laissent place à des modules ronds plus en rapport avec les origines de la marque. A l’avant, les phares escamotables sont encore de la partie mais ce sera le dernier modèle de la marque à les proposer. Les grandes grilles latérales à la Testarossa disparaissent. Le dessin est plus dynamique et aérodynamique.
La F355 mesure 4,290m de long pour 1,900 m de large sur une hauteur de 1,170m. L’empattement est de 2,450m et pèse 1380 kg.


Au niveau de l’habitacle, on retrouve l’habituel cuir Connoly qui habille chaque centimètre carré. Le siège conducteur est très légèrement désaxé vers le centre de la voiture. Le niveau d’équipement est bon sans être exceptionnel. On trouve quand même des réglages électriques multiples (sièges, rétroviseurs, …), la climatisation automatique et l’autoradio. Les airbags sont disponibles en option, du moins au début de la commercialisation tout comme des sièges baquets en carbone.
A l’avant un petit espace de chargement de 150 l permet d’emporter quelques affaires. Il est toujours possible de commander, en option, des bagages au format adapté à ce coffre.




La structure de la F355 reprend celle de la 348 à savoir un châssis monocoque en acier avec un sous-châssis arrière en acier tubulaire. Les suspensions avant et arrière utilisent des triangles indépendants de longueur inégale, des ressorts hélicoïdaux sur des amortisseurs télescopiques à gaz avec servos de commande électronique et des barres anti-roulis. La voiture permet de choisir entre deux réglages d'amortisseurs (sport ou confort).
Les jantes sont en 18 pouces et chaussent du 225/40 à l'avant et 265/40 à l'arrière. Anti-patinage et ABS sont de série. Le freinage fait appel à des disques de 305mm à l’avant et 300 mm à l’arrière.
Bien que la F355 soit équipée d'une direction assistée, celle-ci pouvait éventuellement être remplacée par une crémaillère sans assistance sur commande spéciale.
1994 – 1999 :
La Ferrari F355 Berlinetta est présentée en Mai 1994. Seule la version fermée est présentée. Les rumeurs sur 2 carrosseries supplémentaires sur la 348 mais aussi des modèles compétition client sont dans les couloirs.
Les premiers essais de la presse spécialisée sont plutôt positifs. La finition n’a pas impressionné les journalistes. Il faut dire que des fils se promènent encore parfois sous le tableau de bord et quelques craquements se font entendre. S’il n’y a pas beaucoup de rangement à disposition, le confort général est plutôt bon avec un habitacle relativement spacieux et une ergonomie plus soignée, tout cela s’entend pour une berlinette GT fabriquée de façon quasi artisanale.
Qu’importe la situation, la Ferrari F355 ne cabre et ne plonge pas, elle ne prend pas non plus de roulis. Le comportement routier est très rassurant même si elle est un peu malmenée et aux limites elle peut piéger mais il faut la pousser dans ses derniers retranchements.
Les pédales sont un peu décalées à droite du fait du passage de roue avant, mais, elles sont placées à distance idéale. Le moteur est mélodieux à souhait mais il est par contre un peu creux en bas du compte tours, limite décevant. En revanche une fois dans les hauts régimes, après 5 000 t/m, c’est là que la fête commence.
Surtout la F355 est facile à prendre en main même en ville où le rayon de braquage médiocre ne facilite pas les manœuvres.
En 1995, 2 nouvelles carrosseries sont lancées. Tout comme la 348, la F355 propose une version ouverte avec toit targa qui est toujours nommée GTS, tradition qui remonte à la 308.


Et au même moment, Ferrari lance une version cabriolet nommée Spider. En fin de carrière, la 348 avait reçu, avec succès, ce type de carrosserie. La capote est désormais électrique.




En 1996, l’injection Bosh passe à la version Motronic 5.2.
En 1989, Ferrari lance sur sa monoplace de formule 1 (la 640) une boite robotisée avec commande au volant qui remplace le bon vieux levier de vitesse et sa pédale d’embrayage. Le système permet des changements plus rapides alors que le pilote conserve ses 2 mains sur le volant. Avec une première victoire lors du grand prix du Brésil de la même année, ce système démontre tout son potentiel et tout le paddock va adopter ce système.


En 1997, Ferrari transpose cette technologie pour la première fois sur un modèle de série. Cette boite est nommée logiquement F1. Il s’agit d’une boite manuelle à 6 vitesses classique avec un embrayage pilotée. La grosse nouveauté est que celui-ci est actionné automatiquement par la pression d’une palette située derrière le volant. Ces palettes se chargent aussi de gérer la montée des rapports ou le rétrogradage. En définitive, ce système permet de se passer de levier de vitesse et de pédale d’embrayage. Il offre aussi la possibilité de changer de rapport en mode tout automatique sans intervention du pilote via les palettes en 125 ms. Ce genre de boite va devenir le standard avec les années, et pas seulement chez Ferrari. Il est possible de commander cette boite F1 en option sur toutes les carrosseries.
La boite F1 va s’avérer plus agréable à utiliser que les versions SMG chez BMW ou Tiptronic de chez Porsche mais elle reste parfois un peu lente encore.

A partir de 1998, il est possible de commander le pack Fiorano ou Handling Pack. Il s’agit de pièces provenant de la version Challenge qui incluent diverses pièces performances afin de préparer sa F355 pour la piste. On retrouve donc la direction, la cartographie, le freinage et les suspensions de la Challenge. Cette option permet à Ferrari d’écouler ses stocks de pièces.
Très peu de modèles vont en bénéficier.


La production Stoppe en 1999 pour laisser la place à la 360 Modena après 11 273 modèles. Il s’est vendu près de 30% de plus de F355 que de 348.
Du coté des Berlinetta, on dénombre 4 871 unités (3 829 manuelles et 1 042 F1) ainsi que 2 577 GTS (2 048 manuelles et 529 F1) et enfin 3 717 Spider (2 664 manuelles et 1 053 F1).
Les caractéristiques techniques :
V8 à 90° 40s double arbre
3496 cc (85x77)
380 ch à 8 250 t/m
Coupe de 37 m/kg à 6 000 t/m
292 km/h
0 à 100 : 5,3s
Km DA : 23,7s
Ferrari F355 Challenge :
A partir de 1995 et jusque 2000, Ferrari lance une version compétition client de sa berlinette v8. Le Ferrari Challenge, qui a été initié avec la 348, et partant de modèle de série qui ont reçu un kit pour préparer les voitures à leur nouvelle vie sur piste, continue avec la F355. Si avec la 348, les versions à toit targa pouvait être modifiées et engagées en compétition, seules les F355 Berlinetta peuvent recevoir le kit d’une valeur de 30 000 dollars à faire monter par un concessionnaire.
Au fur et à mesure, le kit va devenir de plus en plus complet et peut se commander directement à l’usine sans passer par un concessionnaire, déjà monté sur sa Ferrari. La boite de vitesse, le moteur, les amortisseurs sont scellés afin d’éviter toute modification ultérieure.





Le kit se compose d’un arceau de sécurité, de sièges baquets de course, de harnais de sécurité, d’un extincteur, d’un interrupteur de coupure du moteur, d’une commande manuelle du ventilateur, d’un radiateur et de ventilateurs améliorés, d’un volant de compétition, d’un échappement léger, d’une aile arrière pour un retrait plus rapide (accès à la distribution), d’un embrayage de compétition, de freins Brembo de 14 pouces améliorés (repris de la F40), de roues en magnésium Speedline de 18 pouces, de pneus slicks de course Pirelli, de bagues de suspension solides et ressorts de compétition, de conduits de refroidissement des freins avant et arrière, d’une calandre arrière perforée noire Challenge (à mi-chemin de la saison 1995 pour faire passer de l'air supplémentaire dans le compartiment moteur), d’un pare choc avant allégé et de crochets de remorquage avant et arrière.
La F355 Challenge partage le même moteur et les mêmes dimensions physiques que la F355 Berlinetta standard. On dénombre en tout 108 modèles modifiés (dont 28 avec conduite à droite), toutes équipés de la boite de vitesse manuelle à 6 rapports.
À la suite du succès de cette opération, la F355 Challenge sera remplacée par la 360 Challenge, la saga se poursuivant avec les berlinettes v8 de la marque à venir.
Ferrari F355 Spider Fiorano :
En 1999, Ferrari présente la F355 Spider Fiorano. Il s’agit d’une série limitée à 100 exemplaires qui offre la suspension, la direction, la calandre arrière et le freinage de la F355 Challenge ainsi que des inserts carbone à l’intérieur. Ce modèle est réservé au marché nord-américain avec 74 modèles équipés de la boite F1 et 26 de la boite manuelle.




Toutefois, 4 exemplaires seront encore produits dont 3 pour l’Europe et un dernier pour l’Afrique du Sud. Ceux-ci se reconnaissent au fait qu’ils n’ont pas de plaque numérotée mais bénéficient des mêmes spécifications.
Ferrari F355 Competizione :
En mars 1995, au salon de Genève, Ferrari présente la F355 Competizione. Il s’agit d’un modèle allégé équipé de la boite F1. Ce modèle est resté à l’état unique et n’a pas été engagé en compétition.
