Alfa Arna

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psal24
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A la fin des années 70, Alfa veut renouveler son Alfasud très rapidement. Il s’agit de son modèle le plus populaire dans le segment très prometteur des berlines compactes. Les chiffres de vente de ce jeune marché ne cessent de s’affoler et le récent succès de la VW Golf aiguise les convoitises. Or l’Alfasud, qui doit se muer en Alfa 33, n’est pas encore en projet puisque pour l’instant seul l’ajout d’un hayon pour la dernière déclinaison de l’Alfasud est en cours d’étude. Fiat lance la Ritmo en 1978 et Lancia suit avec la Delta en 1980, il est temps de réagir pour Alfa.
Une collaboration avec un autre constructeur semble donc une solution plus rapide et plus rentable car les finances de la marque italienne ne sont pas au beau fixe. Alfa n’appartient pas encore à Fiat à cette époque et le lancement d’un nouveau modèle se fait surtout en recyclant les éléments déjà existants de la marque.
Contre toute attente, c’est vers le Japon qu’Alfa se tourne afin de récupérer la dernière Datsun Cherry. Cette dernière est nommée Nissan Pulsar au pays du soleil levant et jouie d’une très bonne réputation. Comme British Leyland en 1979 suite à un accord avec Honda afin de produire les Honda Prélude et Triumph Accalaim, Alfa espère sortir un nouveau modèle avant 1980 à peu de frais.
Les négociations seront longues et difficiles et retarderont le lancement du modèle et des décisions techniques plomberont la vie de ce nouveau modèle.

Mise au point trop longue et trop couteuse :
L’alliance avec un constructeur japonais peut surprendre et pourtant elle a du sens. Les constructeurs japonais jouissent d’une excellente image pour ceux qui osent franchir le cap alors qu’ils sont ignorés ou craint par les autres. Il existe des quotas d’importation sur ces autos dans de nombreux pays d’Europe limitant leur diffusion et donc leur connaissance auprès du grand public. Ainsi, Nissan souhaitant diffuser à plus grande échelle ses modèles en Europe, il faut construire les véhicules sur le sol Européen afin de contourner les quotas et des taxes décourageantes. Une société est créée pour l’occasion entre les 2 firmes : Alfa Romeo Nissan Automobili SpA qui donnera le nom d’Arna au modèle.

Nissan, pour 1982, doit mettre sur le marché sa nouvelle berline compacte, la Cherry sans sa version N12 qui est une grosse évolution de la version précédente, la N10 déjà commercialisée depuis 1978. Au moment de la signature des accords le 9 Octobre 1980, les études sur la nouvelle Cherry sont déjà très avancées avec une sortie qui doit intervenir rapidement, ce qui est un bon point pour Alfa pressé d’ajouter le modèle à sa gamme alors que les négociations ont été longues.

La Cherry est disponible aussi bien en 3 qu’en 5 portes. Elle n’est proposée qu’avec des 4 cylindres en ligne allant de 988 cc pour 50 ch jusqu’à 1388 cc pour 52 ch. Au milieu de gamme, on retrouve un 1270 cc de 60 ch. Un diesel de 54 ch (1681 cc) est parfois proposé selon les pays.

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Si un léger restylage extérieur va donner à l’Arna une personnalité légèrement différente de la Nissan il en va autrement pour la plus grande part de ses entrailles. Alfa insiste pour que les moteurs de l’Alfasud (des 4 cylindres boxer) soient implantés sur le châssis de la Nissan avec leur boite italienne et le train avant. Les moteurs de la Nissan sont fiables mais manque de pétillants, Alfa veut donc donner à ses clients ce qu’ils attendent mais cette décision va faire décaler la sortie de l‘Arna car l’adaptation au châssis se révèlera plus longue et compliquée que prévue avec des modifications structurelles à appliquer sur la japonaise.
Le train avant aussi prose problème. Alfa doit le modifier afin de l’adapter au châssis de la Nissan mais en profite aussi en passant les freins avant de la sortie de boite aux roues.

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Autre problème, Alfa, bien que disposant d’unités de production permettant d’accueillir l’Arna sur la même chaine que l’Alfasud se voit contraint par des politiques italiens de changer de site de production pour un tout nouveau alors à construire (en un temps record) : ce sera Pratola Serra mais qui ne sert qu’au début de l’assemblage de l’Arna car les finitions et les peintures sont réalisées à Pomigliano. Une partie de la carrosserie arrive directement du Japon tout comme 20 % des pièces de l’Arna, le reste est produit et assemblé sur place.

L’Arna mesure 4,000m pour une hauteur de 1,340m sur une largeur de 1,621m. Son poids est de seulement 850 kg.

Carrière courte et désastreuse :
Selon les accords entre Nissan et Alfa, l’Arna ne sera vendue que là où la Datsun ne l’est pas, limitant ainsi sa diffusion. Ainsi sa commercialisation en France ne sera jamais effective.

Au lancement durant le salon de Francfort de Septembre 1983 (alors que la Nissan Cherry N12 est proposée dès 1982), elle accuse un retard de 3 ans par rapport au premier calendrier lors des toutes premières négociations entre les 2 groupes automobiles.

Une unique version est proposée en 5 portes (modèle LS) avec le plus petit moteur disponible sur l’Alfasud : le 1,2l de 63 ch. Avec une vitesse de pointe de 155 km/h et un couple maxi de 88 Nm à 3200 t/m l’Arna n’est pas un foudre de guerre, étant un peu plus lourde que l’Alfasud, mais son châssis bien né permet de profiter d’un moteur sympathique malgré tout.
A l’intérieur, seul le volant et le pommeau permettent de différencier les 2 cousines. L’Arna reprend ainsi ces éléments de l’Alfasud. Les sièges, le tableau de bord carré et les compteurs ovoïdes sans compte tours sont repris à la Nissan sans changement.

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Bien que la qualité des tôles et des plastiques d’origine japonaise donne un large aperçu de qualité, l’Arna reste un échec. Seule la boite de vitesse accrocheuse est à reprochée car le bilan dynamique est plutôt bon même avec le train arrière d’origine Nissan. C’est au niveau du style que ce soit intérieur qu’extérieur où l’Arna déçoit pour une Alfa car elle n’a aucune audace et aucun signe de sportivité.

Dès 1984, Alfa ajoute une version à 3 portes (la L) avec le même moteur mais dans sa version Ti de 68 ch au lieu de 63.

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En 1984, 31066 Arna sortent des chaines. Ce sera sa meilleure année et malgré tout, ces chiffres sont 2 fois inférieurs à ceux attendus par la direction d’Alfa.

Toujours en 1984, le moteur de l’Alfasud 1,5 Ti est aussi proposé au catalogue uniquement en 3 portes. Ce 1490 cc de 95 ch propose 175 km/h et un couple maxi de 133 Nm à 4000 t/m. L’Arna Ti se reconnait à son kit carrosserie avec spoiler et aileron, sa présentation plus sportive à l’intérieur et son tableau de bord avec compte tour.

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La Ti est produite aussi pour Nissan que la vend sous son propre nom comme une Nissan Cherry Europe GTi de 1984 à 1986. Seuls les badges permettent de les différencier.

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En 1985, la production chute à seulement 10 976 modèles.

Légèrement sous motorisée à son lancement en version LS, les clients lui reprochent aussi son style particulièrement fade pour une italienne même si la version 1,5l permet d’obtenir des performances intéressantes.
Le cours du Yen qui ne cesse d’augmenter par rapport à la Lire italienne va aussi plomber la carrière de l’Arna car Alfa achète ses pièces en Yen directement à Nissan.

La mise au point de l’Arna ayant été trop longue, le remplacement de l’Alfasud par la 33 est déjà en marche puisqu’elle est présentée dès Mars 1983 pour une commercialisation en 1984. Ce modèle est certes développé dans l’urgence mais son style plait beaucoup plus aux amateurs de la marque qui retrouvent les mêmes moteurs que dans l’Arna.

Toutes ces décisions un peu à l’emporte pièce vont précipiter la chute d’Alfa dans les bras de Fiat appelé à la rescousse en 1986. L’Arna devait aider à sauver Alfa mais elle va au contraire précipiter sa perte.

Une des premières décisions de la nouvelle direction sera de supprimer l’Arna qui entre en conflit avec la 33 bien plus rentable et plus dans l’esprit de la marque et ce dès 1987. La production cesse après seulement 4 ans de carrière et 53 047 exemplaires produits. De nombreux modèles resteront invendus durant des mois et/ou seront vendus plus qu’à perte aux administrations.
L’ancienne direction d’Alfa avait commandée une étude de remise au gout du jour de l’Arna qui sera vite stoppée par Fiat qui recycle l’usine de production afin de produire des moteurs.