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Alfa 164

Publié : mer. 02 mars 2011 4:26 pm
par psal24
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Berline de logique de groupe et de relance :
Depuis 1986, Alfa Roméo est dirigé par le groupe Fiat qui compte sur cette marque pour se hisser vers le haut et surtout dans le domaine sportif. L’Alfa 90, une berline basée sur le châssis étroit et obsolète de l’Alfetta à laquelle on a greffée les moteurs les plus puissants, dont le dernier v6 2,5l de la marque et un turbo diesel, est un échec commercial. Fiat souhaite reparti d’une page blanche pour son nouveau haut de gamme en lui donnant toutes les chances de réussir. Toutefois, cette nouvelle étude verra naître plusieurs modèles. De la Fiat Ritmo, on a dérivé la Lancia Delta 1, de la Fiat Panda, on a extrapolé la Lancia/Autobianchi Y10. La logique de groupe joue à plein. D’un même châssis naîtront 4 voitures : l’Alfa 164, La Lancia Thema, La Fiat Croma et la Saab 9000. Toutefois cette histoire, vue de chez Alfa Roméo n'est pas toute rose.
Alfa Roméo compte des modèles qui sont de moins en moins au goût du jour et dont la réputation n’est pas enviable malgré de fortes qualités en ce début des années 80. Les 33 sont des Alfasud habillement restylées, les 75, des Alfetta plus dynamiques et les coupés de la gamme (Sprint et GTV, sont issus de berlines en fin de vie. La gamme n’est pas d’une franche modernité, les problèmes sont nombreux et la qualité de fabrication est ouvertement critiquée.
La 164 se doit de changer tout cela en lançant à la fois un nouveau style pour la marque, trouver sa place dans le groupe Fiat/Lancia où les positions de chacun restent à affirmer, et redresser la barre de la qualité/fiabilité.
Pourtant, longtemps le doute a été permis quant à la sortie de cette 164 car nombreux étaient ceux qui estimait qu’elle cannibaliserait la Lancia Thema déjà sortie en 1984 dans le domaine de la grande berline italienne avec une image de haut de gamme. La gestation de la 164 a été lancée bien avant le rachat par Alfa et s’avérera un succès propre à aider au redressement de la maison milanaise.

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Un modèle à part de ses petites sœurs jumelles :
Le projet de l’Alfa 164 fut l’un des plus compliqué à mettre en place chez la vénérable firme milanaise mais pas seulement à cause du rachat d'Alfa par Fiat. La genèse remonte à la fin des années 70 alors que l'Alfa 90 va être lancée et qu'il faut pensée à un projet plus moderne et plus habitable qui n'est pas un simple replâtrage. L’origine du projet consistait à remplacer 2 modèles en même temps: la Giulietta et l’Alfetta toutes 2 dérivant du projet 116 né au début des années 70. Les projets 154 et 156 (respectivement) naissent dans cet optique. Dès le début, le remplacement des moteurs 4 cylindres double arbres qui datent un peu est une évidence afin d’optimiser les performances, les consommations, le couple... mais surtout de partager ces nouveaux blocs afin d’abaisser les coûts de recherches, de développement et de production. Des essais moteurs à double allumage (2 bougies par cylindre) et nommé Twin Spark sont menés. Pour le haut de gamme, le v6 encore tout récent chez Alfa est envisagé tout comme des motorisations diesel (provenant de chez VM appartenant à Fiat) qui commencent tout juste à intégrer la gamme en cette période (Alfa 6, Alfa 90).
Une audacieuse boite de vitesses à 6 rapports est au programme afin d’améliorer la consommation sur autoroute mais avec les 5 premiers rapports rapprochés afin de conserver un brio naturel à la marque quant à ses motorisations.
L’espace habitable est au cœur des préoccupations afin d’effacer les critiques posées sur le châssis de l’Alfetta jugée trop étroit. Les remplaçantes doivent être plus larges mais aussi plus longues. Le cahier des charges parle de 4,25m pour le projet 154 et de 4,50m pour la 156.
Enfin, l’aérodynamisme devient une nouvelle donnée au problème. Les crises énergétiques poussent les centres de style à intégrer les flux d’air dans leurs recherches. Un Cx de 0,36 est alors envisagé dès le départ alors qu'Audi sort sa nouvelle berline 100 et son fabuleux 0,30 de Cx, ce qui incite Alfa à revoir sa position et optimiser encore plus sa copie.

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Le gouvernement italien refuse d’aider à financer ce double projet : le véhicule est jugé non viable, le marché saturé et le projet 154/156 mourut chez Alfa car l’argent manquait trop pour poursuivre les études… avant que ne renaisse le projet 156 sous une autre forme. Si du projet 154 il ne reste rien à ce jour, stoppé immédiatement, le projet 156 ira timidement plus loin avec des prototypes roulants en 1980.

En 1981, un changement de taille intervient et une lueur d’espoir renaît. Chez Lancia, alors concurrent, une réunion annonce les bases d’un nouveau projet de grande envergure car de celui-ci doit découler non pas une Lancia mais aussi une Fiat d'autres modèles pour de nouveaux partenaires comme Saab. Fiat annonce que la voiture est déjà en expérimentation chez Lancia avec une longueur de 4,53m pour un empattement de 2,66m, ce qui correspond à des critères du projet 156 chez Alfa qui n'avance pratiquement plus. Une commercialisation au printemps 1984 est envisagée pour la Lancia et Alfa est convié à se joindre à cette nouvelle aventure. Le projet T4 est déja bien avancé à cet instant. Il doit permettre à Lancia de sortie sa Théma, Fiat, sa Croma, Saab, sa 9000 et Alfa… sa nouvelle 156 qui est rebaptisé projet 164 afin de se différencier du projet quasi abandonné. L’association d’Alfa est un plus pour ce projet mais cela permet surtout à Alfa de se sortir de son mauvais pas financier en ayant un partenaire qui développe pour lui un véhicule en grande partie dans une catégorie dont on sent le potentiel.

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Déjà depuis quelques mois, des mulets circulent. Pourtant, c’est bien la future Lancia Théma qui se cache derrière ces pseudos Lancia Trévi qui ont des dimensions pas tout à fait correctes même si cela ne se voit très difficilement. La presse parle donc d’un simple rafraîchissement de la Trevi et non pas d’un nouveau modèle, n'ayant pas connaissance de l'alliance entre les constructeurs pour développer un modèle commun. Ces marques étant en difficultés financières, il parait alors improbable qu'elles puissent sortir une telle grande berline... sauf si l'étude (sécrète) est commune.

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Le projet avance malgré toutes les difficultés et les prototypes se succèdent chez Lancia. Si le style extérieur se rapproche du modèle définitif, l’intérieur se cherche encore à cette époque. De nombreuses pièces devant être communes, on pense retrouver plus que des similitudes aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de ces futurs haut de gamme.

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Coté Alfa, il était prévu de débuter la gamme par un 1600 cm² pour le projet 154 et de le faire suivre par un 2,0l et enfin y ajouter un diesel prévu pour 2,5l de cylindrée. Avec l'arrêt du projet 154, le 1,6l est abandonné. C'est un mal pour un bien puisque ce la limitera les coûts d'études, développement et production des moteurs pour la 164 mais d'autres difficultés viendront au final ternir le bilan financier. Un des points importants et non des moindres des projets avortés se basaient sur une architecture pour des véhicules à propulsion alors que la nouvelle plate forme est une pure traction. Chez Alfa, sur les planches à dessin et sur les prototypes, le style, l’intérieur, les mécaniques… tout était prévu pour une propulsion. La copie est donc à revoir et en profondeur.

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Le style a des faux airs de berline 6

Le problème majeur pour Alfa vient du fait que c’est Lancia qui développe la base technique et l’adapte à ses propres besoins. Alfa avait prévu des moteurs en position longitudinale alors que l’étude est partie sur des moteurs transversaux. Adapter tous les moteurs à cette nouvelle disposition est ruineux. De même, intégrer la boite à 6 rapports prévue pour le projet 156 n’est plus possible alors qu’elle était prête à être industrialisée. Elle doit être, la mort dans l'âme, abandonnée.
Enfin, à cause de taille du compartiment moteur et du train avant, le v6 est lui aussi difficile à poser sous le capot de la T4 (code projet officiel). Seule solution : le mettre en position transversale, ce qui sera fait mais au prix d’une modification de la partie avant de la plate forme qui sera donc propre à l'Alfa. Il est estimé que le coût de la nouvelle implantation mécanique à lui seul justifie un surcoût de 7 500 lires par voiture. Et les complications sont nombreuses. Adapter le v6 dans le coupé Alfetta GTV avait demandé beaucoup de travail et un nouveau capot moteur. Cette fois ci, l’adaptation sera encore plus difficile et sera en partie résolue par une admission différente mais aussi moins performante faisant chuter la puissance de quelques chevaux… Le nouveau projet 164 prend forme malgré tout avec des coûts importants qui n'étaient pas prévus.
De ces déboires, une collaboration plus étroite est signée entre les partenaires en 1982 afin de limiter les nouvelles mauvaises surprises. Dans cet accord, ressort aussi la fabrication pour Alfa de certaines pièces dans son usine de Milan pour tous les autres modèles comme les berceaux moteurs ou les sièges qui seront partagés par les 4 futures jumelles.
Au même moment, le centre de style maison et Pininfarina sont mis en concurrence pour le design extérieur de la future 164 et pour fin 1983, le projet final est tranché en faveur de la célèbre carrosserie italienne alors que la Lancia Théma va entrée dans les concessions d’ici peu. Le projet du centre de style maison était une remise à jour du projet 156 abandonné.

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Un projet intermédiaire pratiquement finalisé.

Les études avancent et les premiers prototypes complets roulants sont prévus pour la mi 1985. Un an avant, les essais sur route ont débutés avec des carrosseries et des intérieurs non définitifs car le style va encore évoluer au fil des mois.

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Afin de succéder à l’Alfa Arna qui était une Nissan avec une carrosserie compacte et un moteur Alfa, une autre version de la 164 roule au même moment mais avec une carrosserie qui se rapproche plus du projet 156 originel tout en reprenant le partie centrale. Toutefois, le projet n’ira pas plus loin. L'échec cuisant de l'Arna est trop important et les coûts de développements non prévus sur la 164 ont enterrés ce projet de 5ème jumelle.

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La 5ème jumelle abandonnée

Le projet est mené tambour battant par Alfa et grâce à la commercialisation coté Fiat de la Théma, de nombreuses pièces sont ainsi testées et fiabilisées pour la firme Milanaise.

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Les dernières hésitations en matière de style

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Premier prototype à l’échelle 1 avec le style pratiquement définitif

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Et ce qu’il en reste après destruction de l'ancienne usine

Le rachat d’Alfa par le groupe Fiat va retarder légèrement le lancement de la 164 et changer, encore une fois, un peu le projet. Par exemple, une version suralimentée du v6 mais avec une cylindrée de 2,0l était prévu dans les cartons depuis quelques mois mais nécessitait plus de temps pour voir le jour afin de reduire la cylindrer d'une part mais aussi d'y adapter un turbo. Les moteurs de plus de 2000 cm² sont surtaxés en Italie et la nouvelle direction de Fiat, veut absolument voir ce moteur être proposé... C’est une condition qui remet en cause le lancement de la 164 mais ce n'est pas la seule.
Le nouveau 2,0l a pris du retard dans son développement, faute de crédit ces dernières années chez Alfa. Il fut un temps envisagé de reprendre le 2,0l de la Théma pour le glisser sous le capot de la 164 mais en lui retirant les 2 arbres d’équilibrage ce qui devait lui faire gagner 5 ch environ. Toutefois, une Alfa devant rester une Alfa, sans ces arbres d’équilibrage, elle devait avoir un bruit moteur plus neutre et moins envoutant alors qu'il est particulièrement mélodieux sous le capot de la Théma. Cela parait impossible aux yeux des dirigeants et serait vécu comme un crime par les habitués de la marque. Les études moteurs seront donc revues pour sortir la gamme prévue et complète de moteur (excepté le 2,0l v6 turbo) avec une grande modernité (pas de recyclage d'ancien bloc déja connu depuis des lustres). Ce temps supplémentaire a d'ailleurs été mis à profit pour adapter la version de 3,0l du v6 à la place du 2,5l prévu initialement.

Re: Alfa 164

Publié : mer. 02 mars 2011 4:27 pm
par psal24
La série 1 :
Présentée au Salon de Francfort de 1987 la production de ce nouveau modèle a déjà débutée dans l’usine du nord de Milan. Elle est la dernière des 4 jumelles du projet T4 à être présentée, 3 ans après la première, la Lancia Théma. La 164 va connaître dès le début une belle carrière commerciale.
Le centre de style Pininfaria signe son œuvre sur les ailes avant par des plaques insérées avec les répétiteurs latéraux. La 164 sera la seule des 4 sœurs à avoir droit à des portes non communes aux autres modèles produits par Saab, Fiat et Lancia. Ce sera aussi la version ayant le Cx le plus faible : 0,30. Un travail au niveau du style a été plus approfondi que sur les autres modèles afin d'inclure l'aérodynamique comme moteur du dessin final.
Si depuis l’Alfasud au début des années 70 (puis la 33 dont elle dérive), Alfa se convertit à la traction. La 164 représente à la fois une avancée et un affront car c’est la première grande berline de la marque à ne plus être propulsée par ses roues arrière. Elle abandonne donc le schéma transaxle (moteur avant et boite à l’arrière) qui était cher à la marque depuis l’Alfetta au début des années 70 et vu et revu sur ses nombreux dérivés jusque là vendus (90, berline 6 75, Giulietta). La révolution suite au rachat de la marque milanaise est en marche mais elle n'est pas au gout de tous.
Les peintures et vernis appliqués sont de plus grande qualité, des éléments de carrosserie ont été galvanisés (une première pour Alfa), les soubassements sont en parti recouvert, les matériaux insonorisant sont plus nombreux…La qualité fait son retour même si elle n'est pas encore au niveau des meilleurs.

Au niveau du style, elle va ouvrir une voie qui va être suivie par de nombreuses Alfa durant la décennie à venir. Les grands phares à l’avant avec une calandre et son cœur sportif qui déborde sur le par choc ; à l’arrière des feux très fins et très étirés, en bandeau comme cela se fait de plus en plus à la fin des années 80. Voici les traits commun de la future gamme.
Toutefois la ligne parait massive avec ses grosses protections latérales de la même teinte que les pare chocs. La longueur total est de 4,554 mètres pour une hauteur de 1,390m et une largeur de 1,780m : des dimensions d’une berline de grande taille qui fait la part belle à l’habitabilité que ce soit à l’avant comme à l’arrière et préserve malgré tout un espace de coffre très généreux.
A noter : la batterie est logée dans le coffre afin d’optimiser la répartition des masses mais aussi laisser plus de place sous le capot moteur.

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Niveau motorisation, la nouvelle milanaise puise dans les tous derniers moteurs modernes de la marque qui vont se généraliser. En entrée de gamme, le 4 cylindres 2,0l Twin Spark (dit aussi TS) à double bougie d’allumage qui équipe la 75 depuis peu de temps, fourni un couple généreux et des reprises excellentes. Il développe 148 ch du haut de ses 8 bougies et de son injection car Alfa commence à dire au revoir aux carburateurs afin de passer les nouvelles normes anti pollution. Ce moteur suffit déja à motoriser la 164 avec brio. Pour une entrée de gamme, on est loin d'un moteur au rabais.
Le v6 à 12 soupapes, lui aussi en provenance de la 75 est au programme alors qu’elle vient tout juste de l’adopter dans sa gamme (jusque là le v6 était produit en version 2,5l et réservé au marché américain). Alors qu’il offre 188 ch sous le capot de la 75, une nouvelle programmation va le pousser jusque 192 ch avec un couple qui progresse aussi légèrement afin de compenser le poids légèrement supérieur de la 164 par rapport à la 75. Les performances sont d'un très bon niveau.
La surprise au moment de la sortie est l’intégration d’un nouveau bloc Turbo diesel à la place du 2,4l de la 75. Le 4 cylindres 2,5l provient toujours de chez VM (intégré au groupe Fiat) pour une puissance de 117 ch faisant de la 164, la berline Turbo diesel la plus puissante au monde avec en prime 85% du couple disponible dès 1500 t/m. Le turbo KKK, l’injection électronique Bosh et l’intercooler se chargent de donner à la fois la puissance et la souplesse à cette mécanique qui va faire les beaux jours de la gamme 164.
Sur les 3 moteurs au lancement, on trouve les 3 dernières générations de ce qui se fait de mieux chez Alfa à ce moment là et surtout toutes les versions (même la TD) dépassent les 200 km/h.

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Au niveau des curiosités, on peut noter que la 164 ne s’appelle pas ainsi partout. En effet, elle devient Alfa 168 dans les pays de l’Asie du sud (Hong Kong, la Malésie et l'Indonésie) où le chiffre 4 à une connotation négative (se prononce pratiquement comme le mot mort) alors que le 8, lui, est exactement son opposé (se prononce pratiquement comme le mot prospérité). Ajoutez à cela le fait que le 1 signifie "toujours" et le 6 indique une durée dans le temps et vous comprenez à quel point cette combinaison de chiffres peut être mal interprétée en Asie.
Les toutes premières 164 ont d’ailleurs été vendues sous le nom de 164 mais les premiers propriétaires désiglaient la voiture immédiatement acquise. Ayant rapidement vent de cette anomalie, la maison mère rectifie le tir dans la foulée car la carrière de la grande berline s'en retrouverait immédiatement stoppée auprès du grand public.
Il y a bien d’autres exemples dans ces pays où le 4 est évité que ce soit pour d’autres voitures ou pour désigner un avion par exemple. Mais malgré tout, on peut aussi trouver des exemples inverses comme Porsche avec les 924/944 qui n’ont pas changés de nom.

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La 164 est présentée en 2 versions, Normale et Luxe, combinables avec tous les moteurs. L’équipement de la version de base est déjà complet et , de plus, est plus généreux que la moyenne de ses concurrentes pour une grande berline vendue sur le marché français. Elle offre les vitres avant électriques, la centralisation des portes, un intérieur velours, la direction assistée, la ventilation automatique en option. Les 4 freins à disques sont de série, ventilés à l’avant.
La version luxe s’offre en plus des anti brouillard à l’avant, la ventilation/climatisation automatique (encore rare à cette époque), des jantes alliage, les vitres électrique à l’arrière, des sièges à réglages électrique et un intérieur en cuir en option... Le tableau de bord est particulièrement complet et sportif dans sa présentation avec de nombreux cadrans afin de surveiller la mécanique de près.
Point faible : il n’y a pas de banquette rabattable même en option sur cette berline 3 volumes si ce n’est une trappe à ski qui ne permet pas de moduler l’espace dans des dispositions satisfaisantes. L’ergonomie sans être un modèle du genre est bonne. Le train avant avoue assez facilement ses limites sur les versions les plus puissantes, glissant de l'avant. La finition n’est pas encore au niveau des meilleurs malgré des progrès. Pour le reste, la 164 est une grande berline où il fait bon vivre et rouler sur de longues distances avec d’indéniables qualités reconnues par la presse et où l’ABS est disponible en option sur les versions les mieux équipées.

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Malgré un accueil de la presse et du grand public très favorable, les passionnés alfistes se montrent déçus et pour eux (rétrospectivement) une page s’est tournée. Une Alfa qui n’est plus étudiée par Alfa partageant ses entrailles avec d’autres marques, qui n’est plus une propulsion et dont le style se montre plus léger… c’en est trop pour une bonne partie d’entre eux qui prédisent la mort de leur firme fétiche dans les années à venir. Face à une 75 dépassée techniquement (base D’Alfetta du début des années 70) mais virile à conduire, la 164 avec son modernisme est vécu comme un affront. Là où ces passionnés ont raison, c’est que la 164 ouvre une nouvelle ère et une nouvelle voie à leur marque favorite avec de multiples succès à la clé. Là où ils auront tord, c'est que la 164 sera un succès allant conquérir de nouveaux propriétaires qui n'étaient pas alfistes jusque là et malgré tout, leur transmettre le virus. La qualité va faire un bon en avant spectaculaire… tellement le niveau était devenu mauvais ces dernières années. Le redressement est en cours.

Dès 1988, soit après à peine un an de commercialisation, une nouvelle version vient compléter la gamme. Il manquait une version plus tumultueuse et plus sportive dans la gamme pour compléter l’offre du v6. Un moteur turbo était nécessaire et voulu par Fiat. Toutefois, le v6 turbo n’est pas encore prêt et c’est un 2,0l Lancia qui est glissé sous le capot avant. Cette version n’est pas proposée sur tous les marchés. Le 2,0l 8v Lancia de 1995 cm² est revu pour 175 ch alors qu’il en développe 10 de plus depuis quelques mois quand il est associé à la Lancia Delta Intégrale. On retrouve déjà cette implantation mécanique dans la Lancia Théma 2,0l Turbo, donc l'adaptation n'a pas été un trop gros problème pour une fois. Pour les passionnés de la marque, c’est un coup de couteau dans le dos : un moteur non alfa, qui plus est moins puissant que ce qu’il peut fournir à son rendement maximum.

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En 1990, une option airbag est disponible tout comme une boite automatique 4 rapports (uniquement sur la 3,0l v6). Si cette version perd un peu en sportivité, elle y gagne sur le plan de l’agrément et du confort général de conduite.
Direction, freinage et suspensions sont revus afin d’améliorer le comportement général de la 164 mais n’efface pas complètement les problèmes pour digérer la puissance des versions les plus puissantes.
Une version catalysée du v6 existe avec une perte de puissance assez significative puisqu’elle tombe à 184 ch. Le 2,0l TS existe aussi dans une version catalysée mais perd moins de puissance et passe de de 148 à 144 ch.

Toujours en 1990, une version plus sportive est proposée dans la gamme. La 164 Qv reprend le 3,0l V6 mais porté à 200 ch avec une présentation plus sportive. Bas de caisse, pare chocs avant et arrière spécifiques, jantes alliages au dessin nouveau, le design se veut plus sportif et plus affirmé. Elle se reconnaît aussi à ses rétroviseurs peint ton carrosserie et à sa suspension plus ferme et plus basse.
Sièges en cuir de série plus enveloppant, suspension pilotée à réglage depuis l’habitacle de série et équipement basé sur la version luxe viennent compléter l’offre. Ce modèle qui tire la gamme vers le haut et vers plus de sportivité va connaitre une carrière commerciale intéressante malgré son prix de vente.

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En 1991, le 2,0l Turbo d’origine Lancia laisse place v6 2,0l turbo tant attendu et voulu par la direction de Fiat. Avec une puissance de 210 ch, il dépasse le 3,0l v6 atmo. Il est équipé d’un overboost qui peut porté durant quelques secondes en écrasant la pédale de droite, la puissance à 240 ch. Ce moteur reçu le prix de moteur de l’année. Elle est disponible aussi bien en finition de base tout comme en finition luxe.

Toujours en 1991, la 164 est exportée sur le marché nord américain où elle sera d’ailleurs l’une des dernières Alfa vendues sur le sol américain avant longtemps. La gamme Américaine est légèrement différente de la gamme européenne. Tout d’abord, elle ne s'organise qu’autour du moteur v6, seul moteur disponible mais en 2 versions. En entrée de gamme, on retrouve notre version de base juste nommée 164. La version V6 Luxe est nommée L (luxury) et notre Qv est nommée S (sport).
Les feux arrière sont retouchés subtilement, les feux latéraux obligatoires aux USA sont intégrés aux pare chocs avant et arrière.

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164 L

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164 S

Re: Alfa 164

Publié : mer. 02 mars 2011 4:27 pm
par psal24
La série 2 :
Avec l’année 1992 et son changement de millésime pour 1993, arrive un changement conséquent dans la carrière de l’Alfa 164. Un restylage intervient afin de donner à la fois plus de qualité visuelle à cette grande berline mais aussi un aspect plus bourgeois et un peu moins sportif. Ces nouvelles versions seront dénommées Super. C’est encore Pininfarina qui se colle au style et rafraîchit son propre dessin. Les pare chocs avant et arrière sont complétement revu. Ils sont de la même couleur que la carrosserie et s’intègrent de façon plus harmonieuse et plus discrète dans l’ensemble avec des bandeaux de chrome pour relever l'ensemble. Les rétroviseurs sont d’un dessin différent et peints ton carrosserie sur tous les modèles. Les feux arrière sont ceux de la version américaine. Les jantes adoptent un nouveau dessin et passent en général du 15 au 16 pouces. Les feux avant sont à présent d’un seul bloc avec les clignotants et plus fins. L’intérieur est simplement retouché au niveau des contres porte et de la console centrale.

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Au niveau des motorisations, les mêmes blocs restent sous les capots mais évoluent en puissance.
Le 2,0l TS est reconduit mais avec une légère augmentation de cylindrée afin de palier à la petite perte de puissance induite par le catalyseur d’échappement. La puissance revient aux chiffres du début de carrière. Il s’avère être suffisant et ne sous motorise pas du tout cette berline depuis ses débuts. L’ancienne version du 2,0l TS sera tout de même proposée sur certains marchés jusqu'en 1995 à la place de l'autre Twin Spark.
La version v6 turbo avec ses 2,0l de cylindrée est conservée au catalogue mais perd quelques chevaux (elle passe de 210 à 205 ch) afin de faire moins d’ombre à la version 3,0l atmosphérique.
La 164 3,0l v6 est conservé au catalogue. Sa culasse passe à 24 soupapes avec une puissance qui s’accroît jusque 211 ch. Toutefois, il est à noter que la version 12v reste disponible au catalogue durant encore 1 an sur certains marchés.
Le 2,5l Turbo Diesel est aussi reconduit dans une nouvelle version plus puissante. Il passe de 117 ch à 125, avec un couple en progression obtenu 200 tm/n plus tôt. La fiabilité de ce modèle va contribuer au succès du reste des 164.
La gamme reste assez sportive. L’Alfa 164 Qv conserve son v6 mais il passe à 24 soupapes avec une puissance accrut à 233 ch. Le dessin des jantes évolue.
Les pare chocs restent peints en gris contrairement au reste de la gamme. Cette version sera relativement rare et distribuée peu de temps. Cette version sera la plus performante de la gamme.

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Aux USA, les 164 continuent d’être vendues mais en version Super et avec le nouveau V6 24s. La gamme s’articule toujours autour des modèles L et S.

En 1993, l’éphémère version 3,0l v6 24v QV disparaît du catalogue, totalement remplacée par la Q4 même aux USA. La Q4 est une Qv avec 4 roues motrices et une boite 6 fournie par Getrag afin de compenser la perte de performance due au poids en hausse. Le moteur est totalement similaire avec son v6 24s et ses 233 ch. Le système Q4 monté sur les 164 est relativement évolué pour son époque par rapport à la concurrence. La puissance sur les roues arrière est en permanence variable de 0 à 100%. Toutes les critiques concernant la tenue de route et son train avant sont balayées d'un revers de main.

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164 Q4

En 1994, la gamme commence à s’appauvrir. La version 2,0l v6 turbo est retirée du catalogue.

Pour 1995, arrêt de la production de la version US alors que la version Q4 récupère des pare chocs peint ton carrosserie et non plus gris.

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Alfa se retire complètement du marché américain alors que la version vendue en Europe ne change pratiquement pas durant sa fin de carrière qui intervient en 1997. La gamme continue a été commercialisée sans modification majeure. Il y aura 273 857 exemplaires de produit durant une longue carrière de 10 ans avant d’être remplacée par une nouvelle grande berline : la 166. Si la production stoppe en 1997, la commercialisation se poursuit jusqu’en 1998 sur stock.

Re: Alfa 164

Publié : mer. 02 mars 2011 4:27 pm
par psal24
Les caractéristiques techniques :
Série 1
2.0 Twin Spark 8v 4 cyl. en ligne 1962 cm3 148cv 187 Nm @ 4700t/mn 1987-1989 215 km/h 0 à 100 en 9,2s
2.0 Twin Spark 8v 4cyl en ligne cat 1962 cm3 144cv 187 Nm @ 4700 t/mn 1990-1992 210 km/h 0 à 100 en 9,9s
2.0 Turbo 8v 4 cyl en ligne 1995 cm3 175cv 265 Nm @ 2500 t/mn 1987-1991 225 km/h 0 à 100 en 7,2s
2.0 V6 Turbo 1997 cm3 210cv 306 Nm @ 2750 t/mn 1991-1992 240 km/h 0 à 100 en 7,2s
3.0 V6 12v 2959 cm3 192cv 261 Nm @ 4900 t/mn 1987-1989 230 km/h 0 à 100 en 8,1s
3.0 V6 12v cat 2959 cm3 184cv 261 Nm @ 4900 t/mn 1990-1992 230 km/h 0 à 100 en 8,2s
3.0 V6 QV12v 2959 cm3 200cv 274 Nm @ 4400 t/mn 1990-1992 237 km/h 0 à 100 en 7,7s
2.5 Turbodiesel 4 cyl. en ligne 2499 cm3 117cv 260 Nm @ 2200 t/mn 1987-1992 200 km/h 0 à 100 en 11,1s

Série 2 :
2.0 TS Super 8v 4 cyl. 1995 cm3 146cv 187 Nm @ 5000 t/mn 1992-1995 215 km/h 0 à 100 en 9,9s
2.0 V6 TB Super 1996 cm3 205cv 285 Nm @ 2750 t/mn 1992-1997 240 km/h 0 à 100 en 7,2s
3.0 V6 24v Super 2959 cm3 211cv 266 Nm @ 5000 t/mn 1992-1997 240 km/h 0 à 100 en 8,0s
3.0 V6 24v QV Super 2959 cm3 232cv 276 Nm @ 5000 t/mn 1992-1993 245 km/h 0 à 100 en 7,0s
3.0 V6 Q4 2959 cm3 232cv 276 Nm @ 5000 t/mn 1993-1997 240 km/h 0 à 100 en 7,7s
2.5 Turbodiesel 2499 cm3 Super 125cv 288 Nm @ 2000 t/mn 1992-1997 202 km/h 0 à 100 en 10,8s

La 164 Protéo :
En 1991, une version basée sur le châssis de la 164, la Protéo, est présentée au public. Elle est l’œuvre du centre de style maison et plus particulièrement de Water da Silva qui signera plus tard la 156.
En 18 mois, ce véhicule est un show car permettant de monter au public de nouvelles solutions techniques envisagées pour le futur qu’on retrouvera aussi bien chez Alfa Roméo qu’ailleurs dans la décennie à venir.
La carrosserie retenue est celle d’un coupé mais dont le toit est entièrement escamotable dans la malle arrière. De nos jours, on appellerait ce véhicule un CC (coupé – cabriolet). Le châssis est raccourci avec un empattement de 2,51m. Le design signe les premiers contours de ce que seront les coupé GTV et spider 916 dans 4 ans. Le vitrage intègre une fine feuille métallique qui repousse une grande partie des rayons du soleil.

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Autre innovation qui est dans l’air du temps, la transmission permanente contrôlée par électronique est intégrée afin de garantir une motricité optimale que soient les conditions climatiques.
A cela, ajouter une suspension pilotée avec un réglage électronique en continue. on retrouvera ces innovations sur la 164 Q4 de 1993.

Le moteur retenu est le v6 maison dans sa version 3,0l mais avec une puissance inédite de 260 ch grâce en particulier à une nouvelle injection optimisée. Les 250 km/h sont possibles malgré les 1470 kg de l’ensemble. Le 0 à 100 est avalé en 6s et le km départ arrêté est abattu en 26,2s. A noter que 3 exemplaires de la 164 Protéo seront construits sans suite pour une industrialisation.
Le nom de protéo sera conservé pour désigner une nouvelle couleur : un rouge/bordeaux métallisé qui aura pas mal de succès dans les années 90 sur les Alfa 145/146/155/164...

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La 164 Procar :
Si vous trouvez votre 164 encore trop peu puissante, il a existé un modèle unique qui existe toujours. Produite et développée par l’écurie de F1 Brabham en 1988, cette 164 est aussi connue sous le nom de 164 Silhouette. Suite à la décision de la FISA de créer une nouvelle catégorie (appelée silhouette) de voiture de course avec les apparences de la berline de monsieur tout le monde, Alfa devait s’engager dans la course. Ferrari avait déjà la F1 et Lancia les rallyes.
Cette nouvelle catégorie exigeait un dessin de carrosserie d’une auto produite à au moins 25 000 exemplaires par an, avec une interprétation libre du châssis tant que l’empattement du dessin d’origine est conservé et un poids minimal de 750 kg, Les courses devaient avoir lieues sur les circuits de F1 en 2 manches d’une heure pour comptabiliser des points sur un championnat pilote et un autre pour les constructeurs. L’idée est de copier la F1 en l’adaptant à une auto ayant la forme d’un véhicule de série.
Le moteur retenu sur la 164 Procar est un v10 de 3,5l de cylindrée de 600 ch en position centrale arrière. La vitesse maxi est estimée à 340 km/h avec un km départ arrêté avalé en seulement 17,5s. Le châssis mêle le carbone et le kevlar.
Ricardo Patrese, pilote de F1, a eu l’occasion de tester la voiture sur 350 km sur la piste d’essai Alfa de Balocco mais ce championnat n’étant finalement pas mis en place, il n’y aura pas de suite à la 164 Procar.

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Les 164 à carrosseries spéciales :
on peut noter quelques ovnis dans la galaxie 164 comme un original corbillard.

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Aux USA, il semble qu'un seul et unique exemplaire ait été modifié en break à partir de pièces provenant d'une Ford Taurus contemporaine mais sur la base d'une version européenne.

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