Alfa Alfetta
Publié : lun. 12 nov. 2007 9:20 am
La base du succès dans les années 70 :
Les années 70 sont une période propice aux révolutions et aux avancées chez Alfa Roméo. Si d’un coté on prépare une petite berline compacte avec d’inédits moteurs boxer sur des châssis abandonnant la propulsion, de l’autre coté, le remplacement de la très classique berline 1750/2000 se prépare sous les formes du projet 116 qui doit déboucher sur l’Alfetta. Cette nouvelle berline familiale doit remplacer une autre berline à grand succès de la marque. La concurrence est rude et les lignes totalement désuètes de ces vénérables berlines ne font plus recette. Plus qu’un nouveau style, c’est une nouvelle auto, conçue à partir d’une feuille blanche. Le développement de cette berline est d’autant plus important qu’il est prévu immédiatement de lui dériver un coupé et probablement d’utiliser sa base technique pour une autre berline d’une autre catégorie.
A nouvelle berline, nouvelle technique :
Les études du projet 116 débutent en 1968. Les hommes aux commandes du projet sont : Horace Satta Puliga pour la direction du projet, Giuseppe Frappé pour la partie mécanique et d'Ivo Colucci pour le design.
Premier prototype roulant connu
La base technique provient d’une page blanche mais les idées sont reprises d’une monoplace de 1951. Cette Alfa 159 Alfetta F1avait pour caractéristiques principales un moteur 8 cylindres en ligne monté à l’avant de 1479 cc, 2 soupapes par cylindres, double arbres à cames en tête, alimenté par un carburateur tri corps inversé et 2 compresseurs. La boite de vitesse, le différentiel sont montés par contre à l’arrière après le pont et non pas accolé au moteur avec les freins. Le poids était de 430 kg et la puissance du moteur atteignait un démoniaque chiffres pour la cylindrée : 435 ch à 450 selon les versions du compresseur. Pilotée par Juan Manuel Fangio en 1951 entre autres, elle sera championne du monde cette année là avec 5 victoires. Elle fût chronométrée à 313 km/h à Monza. La production ne fût que de 4 exemplaires.
La disposition du moteur a l’avant et de la boite avec son différentiel après le pont et les freins accolés tout à l’arrière permettait une très bonne répartition des masses. Cette disposition est plus connue sous le nom de transaxle. Cette Alfetta 159 a inaugurée cette disposition et la berline Alfetta va la reprendre à son compte 20 ans plus tard pour une production en série. D’ailleurs, le nom de cette berline, Alfetta, vient directement de cette F1 victorieuse et devenue mythique.
On trouve donc le moteur en position longitudinal avant. La boite et le différentiel sont à l’arrière avec les disques montés non pas derrière les roues mais accolés à ce bloc arrière (disposition dite inboard). La répartition des masses et les masses suspendues sont ainsi mieux maîtrisées.
La direction est à crémaillère et intègre une commande de réglage du volant.
A niveau du style, la révolution est bien présente. Les production Alfa jusque là était très classique, agressive mais l’Alfetta se montrait en plus très moderne. Fini les caisses carrées. L’avant très compact contraste avec un arrière assez long faisant la part belle à la capacité de chargement. La calandre à 4 phares et les minces parce chocs avec les clignotants donnent le ton de cet avant.
C’est le centre de style maison qui signe les lignes. Giorgetto Giugiaro est intervenu de façon très légère dans la réalisation de l’Alfetta. Il a été mis sur le dosser du coupé prévu sur la base de la berline et a de ce fait suivit de loin, en apportant son expérience et sa touche personnelle sur le projet 119. La modernité de la ligne par rapport à la désuétude affichée à cette époque par les 1750/2000 est un contraste saisissant les Alfa n’ont pas simplement un moteur mais aussi une ligne à couper le souffle qui suggère la sportivité.
Le premier et seul moteur disponible est un dérivé du 1750 déjà connu mais intègre quelques modifications. Ce 4 cylindres en ligne de 1779 cc tout en aluminium est bien entendu un double arbre à cames en tête. L’Alfetta 1800 développe 121 ch grâce à son alimentation par 2 carburateurs double corps.
L’intérieur est dans le style des années 70. La planche de bord est recouverte de bois ainsi que le pommeau du levier de vitesse et le volant. Le charme opère dès le début… c’est une Alfa. Les fonds de compteur bleu apparaissent sur l’Alfetta et vont se généraliser sur toute la gamme de la marque petit à petit. Le volant tulipé est d’un dessin sportif avec ses 3 branches et est réglable en hauteur sur 8 cm. Le tableau de bord se veut très complet puis qu’on trouve en série un compte tours, un niveau de carburant, une température d’eau et une pression d’huile. La qualité de finition et les pastiques utilisés ne sont pas toujours heureux mais le prix de vente plus serré que la concurrence, BMW série 5 ou Lancia Beta équipée de motorisations 2,0l, donne un avantage certain à la nouvelle venue.
L’habitabilité à l’avant est très bonne car la place libérée par la boite de vitesse mise à l’arrière, a été récupérer pour optimiser l’espace. Le tunnel central est réduit à sa plus simple expression sur sa partie avant. Par contre, l’espace à l’arrière est un peu plus compté mais reste généreux, sauf au niveau de la place centrale car le tunnel s’élargit.
Si le coffre accepte une capacité importante de bagages (510 l), il est toutefois handicapé par un seuil de chargement très (trop) haut.
La série 1 :
La commercialisation débute en 1972 avec un unique moteur proposé : le 1800 de 121 ch. L’Alfetta aura une gamme très restreinte pour sa sortie et ses premières années de commercialisations car les vénérables berlines de la marque rencontre un tel succès auprès des habitués que stopper leur production n’est pas envisageable immédiatement. Ainsi, les dernières berlines 2000 sortirent des chaînes pour 1976, l’Alfetta entrant directement en concurrence avec ces dernières. Afin de limiter cette concurrence, l’Alfetta ne sera disponible dans un premier temps qu’avec une seule motorisation et une boite à 5 rapports, comme c’est souvent le cas chez alfa.
L’accueil de la presse spécialisés est plutôt bon. La voiture est vue comme une berline relativement sportive car ses performances la place un ton au dessus de la concurrence. L’honneur d’Alfa est sauf sur ce point. La vitesse maxi chronométrée est de 185 km/h avec un 1000m DA abattu en 31,3s. Le 0 à 100 est mangé en 9,8s seulement. Par contre le style est plus mitigé et le petit réservoir de 49l n’est pas des plus pratique. Si l’avant est unanimement apprécié, l’arrière ne fait pas beaucoup d’adeptes. Le succès est directement au rendez vous et l’attente est de 3 mois pour avoir son Alfetta.
En 1974, la période d’entretien passe à 10 000 km.
A partir du début de l’année 1975, avec l’arrêt de la production des anciennes berlines Alfa, la gamme Alfetta s’élargit en commençant par le bas. Afin d’épauler le 1800, un 1600 vient à présent ouvrir la gamme avec ses 108 ch. C’est une auto de crise qui sert à offrir une Alfa pour moins chère dans un contexte de crise énergétique. Ce moteur est déjà connu, lui aussi puisqu’il provient de la série des Giulia ou il a fait les beaux jours de berlines, coupés et spiders.
Cette 1600 est une version un peu plus dépouillée au niveau équipement que la 1800. La calandre est à 2 phares seulement. Les pare chocs perdent leur protections. Ce 1600 se contente d’un intérieur en vinyle en remplacement du velours de la 1800 et les vides poches sont aux abonnés absents. Le volant en bois passe à la trappe pour être remplacé par un modèle bien moins élégant en plastique.
A noter que la 1800 en profite pour changer légèrement en adoptant un cœur de calandre plus gros. Sur toute la gamme les bras d’essuies glace sont à présent noir mat et non plus chromés. Le moteur est dit dépollué à présent et perd un peu de puissance pour passer de 121 à 118 ch.
1600
1800
La série 2 :
Pour 1977 apparaît au salon de Genève une nouvelle version qui complète la gamme par le haut cette fois, les anciennes berlines 2000 n’étant plus produites. Cette Alfetta fait appel au moteur 1800 dont la course a été revue pour atteindre une cylindrée de 1962 cc. L’alimentation du moteur est assurée par 2 carburateurs Weber. La puissance est de 122 ch.
A noter que le moteur est refroidit par un ventilateur électrique débrayable avec un contrôle par une sonde de température et non plus par entraînement du moteur. Le train arrière est optimisé avec l’arrivée de cette nouvelle boite. Les ailes avant sont vissées et non plus soudées à la structure. Les suspensions sont revues pour plus de confort et l’insonorisation est améliorée. L’Alfetta 2000 monte en gamme par rapport aux autres modèles.
2,0l
Cette nouvelle Alfetta 2000 se remarque immédiatement par son nouveau style qui change assez radicalement pour être un peu plus conforme avec les canons stylistiques qui seront ceux des années 80. Surtout, il faut noter que les dimensions totales sont différentes. L’avant est plus abs et plus long d’environ 10 cm laissant la longueur de cette nouvelle carrosserie à 4,38m. L’empattement, la hauteur et la largeur ne changent pas.
La calandre est entièrement en matière plastique de couleur noire mat. Ce sont des optiques rectangulaires qui jouent le rôle de phares. Les feux arrière qui étaient rectangulaires et très fins sont à présent beaucoup plus épais et intègrent le feu de recul et l’anti- brouillard. Les pare chocs sont toujours en acier mais ils sont protégés sur les bords par des embouts en plastique. Les clignotants à l’avant sont complètement noyés dans le pare choc, sont à présent orange et d’un modèle différent. Les poignées de portes sont à présents encastrées dans la porte avec une ouverture à palette contre un modèle extérieur avec ouverture par bouton. Le déflecteur des portes avant est supprimé et la grille d’aération sur l’aile arrière est agrandie. Le rétroviseur extérieur est désormais en matière plastique.
L’intérieur n’est pas en reste et change aussi assez radicalement. Le plastique s’étale sur toute la planche de bord avec une couleur beige/marron. Les tissus des sièges sont aussi revus et le volant change complètement. La ventilation est optimisée, la boite à gants agrandie, une console centrale au sol prend place et la modification apportée sur les sièges permet de gagne 7 cm en longueur pour les jambes. L’insonorisation est optimisée elle aussi.
Ces détails esthétiques ne concernant que la nouvelle version Alfetta 2000 puis que les 1600 et 1800 se partagent toujours l’ancienne carrosserie, si ce n’est que la 1600 adopte le style de la 1800 avec sa calandre 4 phares.
1800
Cette même année, le 1800 revient à 122 ch mais avec un couple disponible un peu plus tôt.
L’Alfetta 2000 se révèle à peine plus performante que la version 1800 malgré sa puissance supplémentaire à cause du poids de l’auto en hausse. Ainsi la vitesse de pointe est de 186 km/h et le 0 à 100 est réalisé en 9,4s. La souplesse de la mécanique est un atout souligné par la presse.
En 1978, l’Alfetta 2000 est disponible dans une version mieux équipée et dénommée L pour luxe qui remplace la version commercialisée jusque là. Elle se reconnaît à quelques baguettes chromées supplémentaires sur la carrosserie et à son velours de meilleure qualité à l’intérieur. Le 2,0l passe à 130 ch.
2000 L
De nouvelles options sont au catalogue comme le toit ouvrant, des jantes alliages spécifiques, la climatisation, le boite de vitesse automatique ZF à 3 rapports ou bien encore l’intérieur cuir.
Pour 1979, c’est une révolution puisque le premier turbo diesel italien naît. Le moteur est fournit par VM. C’est un 4 cylindres 2,0l (1995 cc) de 82 ch qui permet une vitesse de pointe assez modeste à l’Alfetta TD : 155 km/h. Les performances sont en dessous de celle de la version 1600. Ce modèle n’est disponible qu’en Italie pour commencer. Ce moteur a la particularité d’avoir une culasse séparée en 4 parties avec un arbre à cames latérales. Le turbo est un KKK allemand.
L’Alfetta TD est la réponse d’Alfa aux dernières crises énergétiques. L’adaptation se fait avec un raidissement des suspensions afin de contrer le poids supplémentaire de cette motorisation. La direction gagne aussi une démultiplication un peu plus directe.
Cette version TD adopte le style et la carrosserie de la version 2000 avec sa calandre à feux rectangulaires et ses pare chocs noirs.
Toujours en 1979, ce sont les versions 1600 et 1800 qui évoluent légèrement. Les poignées de portes sont désormais celle des versions à moteurs 2,0l et donc encastrés avec une palette pour l’ouverture.