Fiat 130

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Le haut de gamme en ligne de mire :
Afin d’aller concurrencer les marques comme BMW, Jaguar ou Mercedes, Fiat prévoit un modèle de standing afin de coiffer sa gamme de berlines pour les années 70. A cette époque, Fiat ne craint pas d’aller se frotter aux marques sportives ou luxueuses alors que son cœur de marché se situe au niveau des modèles de classe moyenne ou même bon marché. Ainsi le constructeur turinois souhaite investir un segment d’automobile ou règnent la Mercedes 280S, la Jaguar XJ 2,8l et la BMW 2800 entre autres.
La Fiat 130 tire son nom du code projet en interne comme c’est le cas depuis la 124 et comme ce sera de coutume jusqu’à la Ritmo de 1978.
L’étude de cette nouvelle Fiat débute dès 1963 avec une commercialisation en ligne de mire pour 1969. L’objectif est de remplacer la Fiat 2300 Lusso née en 1961, qui n’est équipée que d’un 6 cylindres en ligne de seulement 115 ch. Cette dernière présente un style très classique et sobre quelque peu désuet et son moteur n’est pas à la hauteur du niveau attendu. La 130 veut se monter plus élégante et plus raffinée que ses concurrentes désignées tout en étant motorisée à l’équivalent. Toutefois, Fiat n’a pas l’habitude de proposer un tel produit et le résultat sera loin du compte.

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Encore plus haut, peut-être un peu trop :
Si le projet ne prévoyait qu’une remise à jour de la Fiat 2300 Lusso à l’origine, l’orientation à partir de 1965 dérive vers une réutilisation de la Fiat 125 comme base avec une montée en gamme de son équipement et un allongement de la carrosserie. La 125 est elle-même une remise à jour à mi-chemin entre la Fiat 1500 pour la plateforme et la 124 pour le style. La direction de Fiat réalise que cette idée ne permettra pas d’offrir un raffinement technologique suffisant car le projet prévoit de retravailler le 6 cylindres de la 2300 pour lui offrir environ 140 ch dans une version à double arbre à cames en tête. De même passer le 4 cylindres de la 125 à 6 cylindres en ligne est envisagé mais vite abandonné car jugé encore insuffisant.
Dante Giacosa, qui ne croit pas au projet global, estimant que Fiat s’égare de son créneau habituel, ne propose pas d’innovation et préfère s’appuyer sur des solutions internes peu couteuses car il prévoit l’insuccès de la 130. Il s’oppose au projet et freine les avancées.
Il faut aussi remettre dans le contexte de l’époque. Fiat à ce moment-là est alors très occupée, le bureau d’études étant débordé. Des modèles comme la 128, la 125 et la 127 doivent sortir sous peu alors que la 124 vient à peine d’être lancée et qu’il faut aussi s’occuper d’Autobianchi. Ces modèles qui représentent les vraies cibles de Fiat sont particulièrement suivis par les ingénieurs. L’erreur n’y est pas permise.

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C’est en 1967 que le projet 130 prend à nouveau une nouvelle orientation pour être repensé alors que la commercialisation doit intervenir dans 2 ans seulement. Fiat souhaite un moteur de plus gros calibre apte à concurrencer ceux de Mercedes et BMW. Ce devrait être un 2,8l, cylindrée identique aux modèles visés. De même, la plateforme de la 125 n’est pas jugée apte, même rallongée. C’est donc un nouveau modèle qui est mis en chantier toutefois, afin de gagner du temps et de l’argent, il est demandé à Giacosa de reprendre un maximum de composant déjà existant avec pour aide Sergio Camuffo qui s’occupera de la partie châssis.

Si la conception de la 130 reprend nombre de composants existants, en ce qui concerne le moteur, Fiat innove et ne veut pas repartir d’un bloc connu quitte à partir d’une feuille blanche. Rien n’est trop beau pour son futur modèle de prestige et un tout nouveau v6 est mis en chantier. Pourtant Fiat dispose déjà d’un V6, celui du coupé Dino. Celui-ci fait 2,0l mais doit bientôt connaitre une évolution à 2,4l, jugée insuffisante pour la 130.

Afin d’accélérer le développement de ce nouveau v6, Fiat va se servir des études du bloc prévu pour la Fiat 128, un 4 cylindres en ligne de 1116 cc. Il en résulte un V6 de 2866 cc (96x66) de 140 ch à 5600 t/m pour un couple de 22 m/kg à 3200 t/m. L’alimentation est confiée à un carburateur Weber double corps. Par rapport au bloc de la Fiat 128, l'admission et l'échappement qui se situaient du même côté de la culasse sont à présent chacun d’un côté.
Le budget et le temps alloué au développement nécessaire de ce nouveau moteur sont tellement réduits que cela conduit à des erreurs de conception impossible à rattraper.

La boite de vitesse est manuelle à 5 rapports mais en option car en série, c’est une automatique à 3 rapports qui est offerte (produite par Warner Gear). La 130 offre un différentiel à glissement limité (en option), direction assistée en série fournis par ZF en Allemagne.
Le freinage est assuré par 4 disques, ventilés à l’avant.

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Au niveau du châssis, la Fiat 130 est classiquement une berline à propulsion avec son moteur en position longitudinale. Ses trains roulants sont à 4 roues indépendantes, une condition non négociable pour se mettre au niveau de la concurrence sur ce créneau de marché. Des barres anti-roulis sont installées à l’avant et à l’arrière pour le confort et la tenue de route. La 130 se positionne en progrès dans la gamme Fiat à cette époque où les trains arrière font encore appel à des ressorts à lames.

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En ce qui concerne le style, c’est le bureau interne de Fiat qui est en charge. Proposé par Boano, le dessin de rapproche d’une Fiat 125 encore plus grosse dans sa version à feux arrière en large et clignotants dans le pare choc avant. Elle se fond très bien dans la gamme Fiat de l’époque avec un lien de parenté évident mais n’est pas d’une élégance folle.
Elle peut être équipée en option de la climatisation, une première pour Fiat. Ces modèles bénéficient d’un réglage du carburateur différent.
La Fiat 130 mesure 4,750m pour une largeur de de 1,805m sur une hauteur de 1,475m. Le poids est conséquent avec 1,5t.

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L’usine Fiat de Rivalta en Italie se charge de l’assemblage de la 130.
Si la direction de Fiat se jette dans le projet 130 en y croyant, Dante Giacosa pense que ce modèle ne sera pas d’une qualité au niveau de la concurrence visée. Le temps de gestation a été très court alors que les attentes de la clientèle à ce niveau de gamme sont très élevées. L’objectif est d’atteindre 20 000 exemplaires vendus par an.

La série 1 : 1969 – 1972 :
La présentation de la Fiat 130 intervient durant le Salon de Genève de Mars 1969, la commercialisation débutant en Juin de la même année.

La presse n’est pas avare en reproche et de nombreux points sur la 130 pose question. Il n’y a pas de modèle à injection proposé au catalogue et il n’y en aura pas. Le rapport poids/puissance n’est pas optimisé. La 130 est lourde et malgré un un v6 de 2,8l, elle ne développe que 140 ch ce qui la rend légèrement sous motorisée, surtout avec la boite automatique à 3 rapports livrée en série. Elle est plutôt lente à réagir et aussi critiquée pour la consommation gargantuesque qu’elle engendre en plus de faire mouliner le moteur à 4000 t/m à 120 km/h. En plus l’insonorisation s’avère un peu trop légère. De fait, la consommation est de 15l/100 en conduite normale et passe à facilement 18 à 20 l en conduite dynamique.
L’échappement est aussi sujet à la critique : il vibre énormément à certaines vitesses accélérant sa dégradation rapide. La boite manuelle gomme une bonne partie des défauts de la 130 (consommation, dynamisme, bruit et vibrations) mais ce choix s’avère difficile à commander pour les clients bien que proposé au catalogue.
Le style est aussi critiqué pour sa frilosité. La 130 ressemble trop à une 125 hypertrophiée, élégante sans plus mais banale. L’intérieur avec son compteur en ligne est aussi jugé désuet.
Heureusement, la critique n’est pas que négative. La direction assistée est saluée pour son confort et sa précision et la boite manuelle globalement appréciée. Le freinage est aussi mis en avant sa qualité et son endurance.

Si on compare la Fiat 130 à ses concurrentes, la BMW 2800 n’est que 950 frs plus chère alors qu’elle offre une réputation bien supérieure et une puissance de 170 ch. Par rapport à la Mercedes 280S, elle est de puissance équivalente mais 2150 Frs plus chère. La 130 se rapproche plus d’une Opel Diplomat 2,8 dans sa globalité mais l’allemande est 1950 Frs moins onéreuse. Il y a clairement un problème sur le prix de vente de la Fiat.
La 130 se rattrape au chapitre confort et habitabilité mais propose un ensemble bien moins séduisant que ce soit au niveau du style qu’au niveau sensation de conduite. Les ventes de la 130 sont donc, dès le départ, anecdotiques. Elles sont même dopées par les concessionnaires qui revendent leurs modèles pour s’en débarrasser avec des rabais de 25 à 30%.

En 1970 après seulement 1 an de commercialisation, Fiat conscient du problème de sous motorisation de la 130, porte la puissance du 2,8 l à 160 ch.

En Mars 1971, durant le salon de Genève, Fiat lance un coupé Fiat 130, tout comme il en existait un dérivé de la Fiat 2300 avant elle. Elle ne ressemble en rien à la berline. Le style est dû à Pininfarina (Paolo Martin) avec une élégance qui fait penser aux Peugeot 504 coupés produites par le carrossier mais aussi à des modèles à venir comme les coupés Lancia Gamma ou Ferrari 365 GT4 2+2.

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L’habitacle a été largement revu par rapport à la berline. Le style est plus moderne avec des cadrans ronds et des inserts en bois. Le coupé possède quelques particularités comme un siège réglable en hauteur, un volant ajustable en hauteur et profondeur, ce qui est fort rare à cette époque. Le plus étonnant est une manette proche du volant qui permet au conducteur d’ouvrir la porte passager depuis sa place.

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Le moteur de la 130 a été lourdement critiqué pour son manque de puissance depuis son lancement. Fiat en tient compte et propose une nouvelle version encore plus puissante. Le v6 passe à 3,2l (3235 cc 102x66) par un allongement de la course et développe 165 ch à 5600 t/m pour un couple maxi de 25 m/kg à seulement 3300 t/m. La boite de vitesse automatique est changée. Elle provient de chez Borg Warner et reste à 3 rapports avec toujours une boite manuelle à 5 rapports de chez ZF en option.

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L’assemblage de la carrosserie du coupé est assuré par l’usine de Rivalta puis les établissements Pininfarina se chargent de la peinture et du montage final.
La Fiat 130 coupé vient concurrencer la BMW 3,0 CS et la Citroën SM en terme de prix, de puissance et de prestige mais elle reste par exemple plus chère qu’une Porsche 911 dans sa version 130 ch.
Malgré l’élégance de sa carrosserie, son moteur revu et son intérieur au gout du jour, le coupé ne rencontre pas le succès.

La série 2 : 1972 – 1977 :
Afin de relancer les ventes de la 130, Fiat lance une berline légèrement revue en s’inspirant du coupé. Ainsi, le moteur du coupé est proposé sur la berline qui n’offre d’ailleurs plus que cette configuration à 3,2l de son v6. La boite manuelle devient le standard, la boite automatique devenant une option. Toutefois, la Fiat 130 berline est toujours vendue au prix d’une Jaguar bien plus statutaire.

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De même, à l’intérieur, le tableau de bord et une partie des aménagements du coupé sont repris sur la berline afin de moderniser le tout.

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Les ventes de Fiat 130 ne progressent pas malgré toutes les mises à jour effectuées et le premier choc pétrolier va même lui porter un coup difficile à supporter à cause de la consommation importante du moteur. Une version à injection aurait peut-être pu sauver le modèle mais, bien qu’elle ait été étudiée, elle ne sera pas commercialisée.

En 1975, Fiat n’a vendu que 709 berlines. La production de la Fiat 130 va ainsi continuer à diminuer jusqu’au retrait de la gamme en 1976 pour la berline et octobre 1977 pour le coupé. On dénombre 15093 berlines et 4491 coupés vendus.
Bon nombre de berlines ont été acheté par l’état italien pour être blindées. Quant aux coupés, Fiat en avait offert durant des évènements sportifs.
L’échec important de la 130 pousse Fiat à ne plus investir ce créneau de marché. La Fiat 132 se verra renforcée au niveau de sa présentation pour assurer le haut de gamme chez Fiat sans toutefois viser les mêmes cibles.

Les caractéristiques techniques :
2,8l :
V6 2866 cc 96x66 à 12 soupapes
140 ch à 5600 t/m
Couple de 22M/kg
180 km/h

2,8l :
V6 2866 cc 96x66 à 12 soupapes
160 ch à 5800 t/m
Couple de 218Nm
180 km/h

3,2l :
V6 2235 cc 102x66 à 12 soupapes
165 ch à 5600 t/m
Couple de 249Nm
185 km/h

Les Fiat 130 hors-série :
Fiat 130 Opéra :
Sur la base du coupé, Pininfarina propose en 1974 une berline plus élégante et statutaire que la version produite par Fiat. Le projet sera refusé par la direction du constructeur de Turin. Le modèle restera unique et sans suite.

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Fiat 130 Maremma :
Autre proposition de Pininfarina, toujours basée sur le coupé 130 en 1975, un étonnant break de chasse sera lui aussi produit à un unique exemplaire qui sera toutefois utilisé par Agnelli, le président de Fiat.

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Fiat 130 Familiare :
Le centre de style propose une Fiat 130 break nommé dans la plus pure tradition Familiare qui n’est pas destiné à la commercialisation mais uniquement pour Gianni Agnelli, alors président de Fiat, et sa famille. A la base, il s’agit d’une berline 3,2l produite à 3 ou 4 exemplaires seulement dont chacun a été personnalisé.

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