La Fiat 132 vient en remplacement de la 125 qui était une exécution plus luxueuse et plus volumineuse de la 124 tout en se basant techniquement sur la Fiat 1500 de 1961. La 125 a été un modèle de transition afin de répondre rapidement à Alfa Romeo et sa Giulia bien plus intéressante que la Fiat 1500 pourtant sortie à peine un an avant l’Alfa. Son succès a été très important mais court car la firme turinoise avait déjà en projet un modèle plus statutaire que la 125 pour occuper le haut de la gamme.
Coté budget, il n’est pas question d’investir des sommes folles dans cette nouvelle étude. La carrière courte de la 125 était motivée par le fait que Fiat voulait sortir un modèle plus cossu et performant à placer au dessus de la 124 mais avec un budget et un délai particulièrement serré (18 mois) sans investir dans une nouvelle plateforme. La 132 sera donc une version à peine revue de la 125 qui n’était pourtant pas déjà u modèle de modernité à sa sortie.
Une 125 au superflu :
Niveau style, la 132 est une berline traditionnelle avec malle arrière classique. Tout comme la 125, la 132 se présente avec une calandre à 4 phares pour marquer son statut plus statutaire. Au niveau modernisme, la 132 ne bouscule pas les habitudes sauf si on prête attention à ses vitres de portes avant sans déflecteur ou à ses passages de roues en plastique.
Le coté moderne de la 132 ne saute pas aux yeux car il reste invisible. Il faut aller à l’usine pour constater qu’elle est soudée par des robots et comprendre à quel point elle marque le pas par rapport à la concurrence.
Du coté de la technique, la 132 est empreinte d’un certain classicisme même si elle améliore un peu ce que proposait la 125. Ainsi on retrouve le principal, à savoir les 4 freins à disques avec un servofrein, le moteur en position longitudinal entrainant les roues arrière.
A force d’être classique, la 132 en est même en retard techniquement. La direction reste à vis et galet plutôt qu’une crémaillère et le réservoir de carburant n’est pas placé sous les sièges arrière pour rester stocké dans l’aile arrière droite. De même la suspension arrière n’est pas indépendante même si un système à ressorts à lames n’est pas proposé au profit de modèles hélicoïdaux. Rançon de cette frilosité technique, les qualités routières sont à peine meilleures que sur la 125, probablement à cause du manque d’une barre anti roulis.
La 132 mesure 4,39m sur une largeur de 1,63m pour une hauteur de 1,44m et repose sur un empattement de 2,56m. Son poids se situe entre 1070 et 1090 kg selon la version. Le coffre offre un volume de 460l.
Du coté des mécaniques, Fiat propose une offre plus étoffée et puissante que sur la 125 et toujours en version double arbre. La gamme débute avec le 1,6l (1592 cc) des Fiat 125 N et S dans une version de 98 ch. Elle affiche un couple de 132 Nm. Avec 165 km/h en pointe la 132 est déjà très performante en entrée de gamme mais elle peut aussi recevoir un 1,8l de 105 ch. Cette fois ci la vitesse maxi passe à 170 km/h et son couple atteint 144 Nm.
Les boites sont à 4 rapports en série (5 en option sauf sur le 1,8l où elle est de série) et une boite automatique à 3 rapports est disponible en option.
1,6l
1,8l
La présentation générale correspond à ce que Fiat veut envoyer comme message : la 132 est une berline classique mais classieuse. Les sièges sont larges et confortables, recouverts de tissu ou simili, les panneaux de portes sont assortis et le chrome est omniprésent. La moquette au sol et le pavillon recouvert de matière synthétique achèvent le sentiment de monter ne gamme.
Coté sécurité, la 132 innove car elle bénéficie de barres de renfort dans les portes, de garnitures ne propageant pas le feu dans l’habitacle ou d’une colonne de direction de sécurité.
Le tableau de bord présente des inserts en faux bois habituel dans les années 70 pour données plus de vie à un intérieur ainsi qu’une instrumentation particulièrement complète sur certains modèles avec des cadrans circulaires.
La série 1 : 1972 – 1974 :
Le lancement intervient en Mars 1972 durant le salon de Genève. Le 1,6l est disponible en 2 finitions : Normal ou Spécial, alors que le 1,8l n’est proposé qu’avec la finition la plus haute en France.
La liste des options comprend une boite manuelle à 5 vitesses ou automatique, un différentiel autobloquant, la climatisation, des jantes alliage, la peinture métal, un dégivrage arrière et des appuis tête sur les sièges avant.
La frilosité technique et le trop grand classicisme de sa ligne déçoive la presse spécialisée qui trouve aussi le confort général trop ferme. Le train arrière en particulier manque de confort et n’offre pas plus d’agilité que la 125 et la direction s’avère dure. A coté de cela, les sièges, le freinage et la boite de vitesses n’appellent pas à la critique. Coté équipement, on retrouve un volant réglable et des phares à iode. Dernier point noir, la consommation est jugée trop élevée, surtout à haute vitesse.
La série 2 : 1974 – 1977 :
En Janvier 1974, la suspension avant est revue en profondeur afin de répondre aux critiques. Une barre stabilisatrice vient en renfort. Des pneus plus larges en 14 au lieu de 13 pouces viennent compléter les modifications améliorant au passage la tenue de route.
Le style bénéficie aussi d’un rafraichissement à ce même moment tellement important que la 132 parait être totalement nouvelle. La modification principale réside dans l’amélioration de la surface vitrée avec un nouveau dessin de la partie arrière du toit dans un style ressemblant aux dernières BMW de l’époque. Les feux arrière sont revus avec une forme non plus oblongue mais carrée. Un traitement anti rouille est appliqué à la carrosserie.
Le nom des finitions changent : la normale devient GL (grand luxe) et la Special devient la GLS. L’intérieur est également revu. Le tableau de bord sur les versions GLS propose désormais du vrai bois complètement revu alors que les GL conservent le modèle de la première série. Les options restent à peu près les mêmes : pont autobloquant, vitres teintées, climatisation, allumage électronique, peinture métallisée ou encore des pneus tubeless.
Coté moteur, les 2 blocs sont reconduits avec des modifications mineures sur le haut moteur et les carburateurs uniquement pour le 1,8l qui passe de 105 à 111 ch.
1,8l
Grace à cette grosse remise à jour, la 132 s’est considérablement améliorée balayant la majeure partie des critiques qui lui étaient adressées. Toutefois, elle reste, dans le paysage automobile contemporain, relativement archaïque.
En 1976, c’est au tour du 1,6l s’être légèrement revu avec une petite progression du couple et une optimisation de la consommation.
La série 3 : 1977 – 1981 :
La carrière de la 132 se poursuit avec une nouvelle série de modifications en Avril 1977.
Coté moteur, le 1,8l est remplacé par un 2,0l toujours à carburateur d’origine Lancia (Beta). Si la puissance ne progresse pas beaucoup (+1 ch pour une puissance de 112 ch) la couple bénéfice d’une vraie amélioration avec une vitesse maxi qui reste inchangée à 170 km/h.
Les boites de vitesses manuelles sont toutes à 5 rapports en série. Les freins avant voient leur diamètre de disque passer de 240 à 250 mm. On peut commander des pneus taille basse en option.
Le style est une nouvelle fois remis au gout du jour avec de nouveaux pare-chocs, de nouvelles roues, un nouveau tableau de bord à cadrans carrés, des sièges avant plus grands avec des appuis tête ou encore l’apparition d'équipements de confort tels que la direction assistée et les vitres électriques en série sur les modèles les plus haut de gamme. Les jantes repassent au 14 pouces. La carrosserie est renforcée afin d’améliorer la sécurité.
La version d’entrée de gamme GL disparait. Il faut aussi noter que la Fiat 132, avec la disparation de la 130, devient le modèle le plus haut de gamme de Fiat. Ainsi la présentation se veut encore et toujours plus flatteuse.
Mais tout ne s’améliore pas de la même façon. Les freins arrière perdent leurs disques pour revenir à de plus classiques tambours ceci afin de redonner plus d’efficacité au frein à main.
En Mai 1978, 2 nouveaux moteurs provenant de la Sofim et produits dans le sud de l’Italie arrivent dans la gamme : 2 diesels. Le premier est un 2,0l 1995cc de 60 ch pour 130 km/h mais qui ne sera pas commercialisé en France. Le second est un 2,5l (2445 cc) de 72 ch pour 145 km/h. Ces modèles bénéficient directement d’une boite à 5 rapports et d’une direction assistée. Elles se reconnaissent à leur bosse sur le capot.
En 1979, l’offre moteur connait une nouvelle avancée dans la gamme 132. Le 2,0l devient disponible en version à injection électronique provenant de chez Bosh. La puissance progresse de 10 ch pour s’établir à 122 ch et la vitesse maxi gagne 5 km/h (175 km/h). Cette version s’avère bien plus brillante que son homologue à carburateurs car les rapports de pont ont été raccourcis. Malgré tout, les consommations sur ce modèle sont en baisse grâce à nouveau système de coupure de l’injection.
La commercialisation de la 132 stoppe en Mai 1981 au profit de la Fiat Argenta qui est plus une grosse révision de la 132 qu’un nouveau modèle. La Fiat Croma, la véritable remplaçante n’arrivera qu’en 1985.
On dénombre 652 947 modèles produits en Italie de Fiat 132.
[b/] Les caractéristiques techniques : [/b]
1,6l : de 1972 à 1976
1592 cc de 98 ch pour un couple maxi de 13,2 kg/m pour une vitesse maxi de 165 km/h
1,6l : de 1976 à 1981
1592 cc de 98 ch pour un couple maxi de 13,4 kg/m pour une vitesse maxi de 165 km/h
1,8l : de 1972 à 1974
1756 cc de 105 ch pour un couple maxi de 14,4 kg/m pour une vitesse maxi de 170 km/h
1,8l : de 1974 à 1977
1756 cc de 111 ch pour un couple maxi de 15,1 kg/m pour une vitesse maxi de 170 km/h
2,0l : de 1977 à 1981
1995 cc de 112 ch pour un couple maxi de 16,9 kg/m pour une vitesse maxi de 170 km/h
2,0l i.e. : de 1979 à 1981
1995 cc de 122 ch pour un couple maxi de 17,5 kg/m pour une vitesse maxi de 175 km/h
2,0l D : de 1978 à 1981
1995 cc de 60 ch pour un couple maxi de 11,5 kg/m pour une vitesse maxi de 135 km/h
2,5l D : de 1978 à 1981
2445 cc de 72 ch pour un couple maxi de 15 kg/m pour une vitesse maxi de 145 km/h
[b/]La Fiat 132 dans la monde : [/b]
On retrouve des chaines de production de Fiat 132 un peu partout dans le monde. La plus active était en Espagne dans les usines de Seat où la 132 connue sous le nom de Seat 132 a été produite à 108 725 exemplaires.
Les 2 modèles, italien et espagnol, étaient totalement semblables au niveau du style avec quelques légères différences en ce qui concernait la sellerie avec des tissus de meilleure qualité. Toutefois la Seat a été commercialisée dès sa première année avec des moteurs diesel d’origine Mercedes (le 2,0l et le 2,2l provenant de la W123). Avec l’arrivée des moteurs diesel d’origine Fiat, les moteurs Mercedes n’ont plus été montés.
Seat 132 première série
De même, le 2,0l italien n’a pas été proposé sur le marché espagnol pour des raisons fiscales locales. A la place, c’est un 1,9l (1920 cc) de 109 ch qui a été monté.
La Seat 132 suivra les différents changements de style de son homologue italien durant sa carrière.
En Pologne, on retrouve chez Polski Fiat (FSO) une ligne d’assemblage donnant naissance à la Fiat 132p pour Polski (Pologne) où elles sont assemblées en CKD (depuis des pièces détachées) envoyées depuis l’Italie. Les voitures sont en fait livrées en Pologne pratiquement terminées, il ne reste que quelques détails mineurs à parfaire. L’assemblage a eu lieu entre 1973 et 1976 à très peu d’exemplaires car la Polski Fiat 125p y est déjà assemblée et rencontre un beau succès. La 132 par son statut plus haut de gamme ne correspond pas suffisamment au marché local polonais qui n’absorbera que quelques dizaines de milliers de 132p.
Fiat 132p
L’ex Yougoslavie a aussi produit en CKD des Fiat 132 dans l’usine Zastava de Kragujevac avec des caisses qui étaient destinées à l’origine à la Pologne.
Kia a aussi produit en Corée du sud à Gwangmyeong, entre 1979 et 1981, 4759 Fiat 132.
L’Afrique du sud a aussi produit quelques Fiat 132 dans l’usine de Rosslyn sous licence par Brit Engineering Industries (BEI), une filiale d’Alfa Romeo car Fiat s’est retiré du marché sud-africain. Après le renouvellement de 1977, la fiat 132 se nomme Fiat Elita
Enfin, le Chilie a aussi assemblé en CKD entre 1979 et 1981 3648 Fiat 132 uniquement équipées du moteur 2,0l injection de 122 ch. Elle a été le modèle le plus luxueux, à cette époque, fabriqué localement.
[b/]Les Fiat 132 hors-série : [/b]
Giannini :
Le préparateur italien propose une Fiat 132 2000 au début des années 70 alors que la version 2,0l n’existe pas encore au catalogue. Il s’agit du moteur 1,8l qui passe de 1756 à 1936 cc pour une puissance de 115 ch grâce à un taux de compression plus élevé et l’ajout de 2 carburateurs double corps. Il était possible d’obtenir la boite automatique, un autoradio, des sièges anatomiques ou des jantes alliage en option.
Moretti :
Le carrossier italien a produit 2 types de coupés sur base de Fiat 132. Le premier date de 1972 avec sa calandre à 6 phares et le second de 1974.
Michelotti :
Le designer italien n’a produit qu’un seul exemplaire, un prototype de style nommé Flare sur base de Fiat 132.
Pininfarina :
Une proposition de 132 break nommé dans la plus pure tradition Fiat Familiare en 1972 est restée à l’état de prototype.
Zagato :
Un coupé a été produit mais sans entrer en production nommé Aster en 1972 qui donnera naissance à une seconde version dès l’année suivante mais toujours sans réalité commerciale.
