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Fiat Dino Coupé et Spider

Publié : ven. 21 avr. 2017 3:37 pm
par psal24
Occasion en or :
Durant le milieu des années 60, Ferrari a besoin d’homologuer un nouveau v6 en formule 2. La FIA, afin de pénaliser la Scuderia et sa domination outrageuse de la catégorie, impose un nouveau règlement. A présent, 500 exemplaires d’un bloc doivent être produits sur un véhicule de série en une seule année afin d’homologuer le bloc en compétition. Cela représente un nombre trop important de véhicules pour une si petite marque comme la firme de Marannello cantonné dans le très haut de gamme sportif. Or Ferrari ne souhaite pas se désengager de la F2 et doit donc trouver un partenaire pour l’aider à vendre son futur moteur.

La Ferrari 206 GT doit être équipée de ce nouveau v6 mais les capacités de production et de vente de Ferrari ne permettent qu’une diffusion d’à peine 700 Ferrari par an équipée des v12 de la marque à cette époque. L’extension de la gamme par le bas grave à ce v6 doit ouvrir de nouvelles perspectives commerciales mais comment va réagir le public face à une machine au cheval cabré non équipée du v12 maison ? Il n’est pas interdit par contre de produire ces moteurs pour être vendus sous une autre marque dans un modèle qui n’est pas produit par Ferrari lui-même. Un partenariat est donc l’unique solution qui reste viable.

Des accords sont passés en 1965 avec Fiat pour diffuser ce nouveau v6 sur des modèles plus abordables après l’échec de négociations avec Innocenti. Coup de bluff gigantesque ou réelle volonté du Commendatore, Ford est appelé à la rescousse pour entrer dans le capital du constructeur italien, ce que Fiat ne peux laisser passer et ainsi se laisser convaincre de sauver un fleuron italien par un autre italien. Les négociations avec Ford n’auraient été qu’un leurre afin de forcer la main à Fiat, ce que Ford vivra comme une insulte.

Développé par Aurelio Lampredi sur la base du moteur dessiné par Dino, le surnom du fils d’Enzo Ferrari disparu en 1956, et Vittorio Jano, le moteur de F2 passe de 1596 cc à 1987 cc pour le modèle de série. Il affiche une puissance de 180 ch à 8000 t/m permettant à la Ferrari d’atteindre les 235 km/h.

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Ferrari 206 GT

Pour Fiat, il s’agit aussi d’un moyen peu couteux de profiter d’un tout nouveau v6 dans sa gamme afin de remplacé son coupé 2300 S en fin de carrière.

L’accord porte sur la construction d’un moteur sous la marque Dino et non pas de Ferrari. Il se doit de conserver officiellement ce patronyme afin que les blocs produits puissent être comptabilisés en vue de l’homologation quand ils sont vendus par Ferrari ou Fiat.
Le point le plus important sur ce v6 est qu’il n’est pas badgé Ferrari mais Dino, marque créée par Ferrari en 1965 pour commercialiser les modèles de la maison au cheval cabré équipé de ce v6. Pour certains, cette décision d’Enzo était le moyen d’honorer son fils décédé, pour d’autres c’était le moyen de séparer d’un coté la vente des gros v12 et de l’autre des v6 ‘bon marché’ dont le futur commercial n’était pas assuré.

Cœur de Ferrari au pays du populaire :
Ferrari ne fournit que le moteur, Fiat se charge donc de construire toute son architecture autour. Si dans la Ferrari, le moteur est en position centrale arrière transversale, il passe plus classiquement sous la capot avant chez Fiat en position longitudinale. Le v6 cube toujours 1987 cc comme dans la 206 GT mais il ne développe plus que 160 ch à 7200 t/m. Question de hiérarchie, Ferrari se réserve le modèle le plus performant. Il est toujours équipé de 4 arbres à cames dans un bloc tout aluminium avec une alimentation confiée à 3 carburateurs double corps.

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La boite de vitesse à 5 rapports est fournie par Fiat. Elle est associée à un différentiel à glissement limité Borg-Warner. Le freinage est à 4 disques avec une assistance. La direction reste à vis et galet.

Le pont arrière et la suspension, faute de temps pour sortir au plus vite le modèle sont récupérés de la Fiat 2300 S. Pas de roues indépendantes mais un bon vieux pont arrière rigide, certes fiable et moins couteux à produire mais supportant mal les grosses puissances et les routes secondaires.
Fiat associe donc un moteur à la pointe de le production avec des solutions plus ou moins archaïques mais fiables et peu couteuses, comme à son habitude.

Fiat prévoir un coupé et un cabriolet équipés du moteur Dino et met en concurrence Pininfarina et Bertone pour proposer chacun un modèle.

Le Spider :
Premier modèle présenté par Fiat à partir du moteur Dino, le Spider est présenté au salon de Turin 1966 durant le printemps. Il s’agit d’un cabriolet nommé simplement Fiat Dino 2000 Spider. Il est dessiné et produit par Pininfarina, partenaire habituel de la Scuderia qui a été recruté par Ferrari pour étudier et produire à la fois la 206 GT mais aussi la Fiat afin de mieux gérer au mieux le temps de gestation du projet, le délai étant particulièrement court.

L’étude du Spider est menée au pas de charge puisque Ferrari souhaite que son moteur soit homologué pour la saison 1967 de F2. Il faut donc que le modèle soit disponible, en vente et produit à 500 exemplaires avant 1967 et l’ouverture de la saison de F2. Cela ne laisse qu’à peine 18 mois de travail aux ingénieurs pour concevoir le véhicule à une époque où 4 ans serait déjà considéré comme un délai séré. Il faut donc utiliser au maximum la banque d’organe Fiat et adapter des pièces déjà existantes.

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Si Pininfarina s’est préparé pour produire 500 modèles de la Fiat Dino Spider en 3 mois seulement, il lui faudra ajouter rapidement 650 autres exemplaires, l’objectif de vente étant atteint bien plus facilement que prévu.
Toutefois, ces excellents chiffres au début de la commercialisation masque une chute des ventes rapide. Les problèmes de fiabilité du moteur associé à une tenue de route et un confort très en dessous des attentes des clients vont rapidement plomber les ventes.

Le coupé :
En 1967, Fiat présente le Coupé durant le salon de Genève, soit à peine 5 mois après le Spider. Il ne s’agit pas d’une version fermée du cabriolet, le style étant très différent mais d’une carrosserie totalement différente.
Le dessin cette fois tout comme la production est confié à Bertone. Cette version est voulue par Fiat afin d’élargir sa clientèle et profiter du prestige de son partenaire dans lequel de nombreux espoirs sont posés.
Cette fois ci, le Coupé propose 4 places sur un empattement allongé de 27 cm par rapport au Spider.
La suspension arrière a été légèrement modifiée afin d’accepter le surplus de poids(130 kg de plus pour 1280 kg en tout) par rapport au Spider mais reste fidèle au pont arrière rigide puisque seules les lames ont été doublées.

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Grâce à l’empattement plus important par rapport au Spider (2,550 m), le comportement général du Coupé est plus stable mais n’est pas irréprochable pour autant. Le coupé mesure 4,514m de long, prés de 40 cm de plus que le Spider.

Evolutions :
Au salon de Genève 1967, alors que le Coupé Dino de Bertone est présenté, Pininfarina expose un prototype de coupé Dino sur la base du Spider. Nommée Fiat Dino Spéciale, elle n’entrera jamais en production.

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Au salon de Paris 1967, Pininfarina présente un hard top adapté au Spider mais son prix de vente exorbitant en limitera la diffusion.

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Au salon de Turin 1967, un an après la présentation du Spider, Pininfarina présente un second coupé issu de ce modèle qui est la version fermée extrapolée. Ce modèle ne sera pas commercialisé non plus.

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A partir de 1969, toute une série de mortifications vise à faire taire les nombreuses critiques de la presse et des clients. Le Spider est jugé trop inconfortable et surtout trop imprévisible par rapport au coupé qui n’est pourtant pas en reste. L’empattement plus court et le poids inférieur de la version découvrable lui jouent plus de mauvais tour qu’à la carrosserie fermée.

Le bloc tout aluminium passe en fonte mais conserve une culasse en alu. Des problèmes de chauffe avec déformation des pistons ont obligés Ferrari à revenir à une conception plus simple et mieux maitrisée. La cylindrée pour l’occasion est accrue : le 2,0l de vient un 2,4l de 2418 cc, la puissance passant à 180 ch sur la Fiat. De plus, le 2,0l était sujet au vapor lock, défaut corrigé sur la nouvelle version qui a bénéficié de plus de temps de mise au point. Ce même moteur équipe les Ferrari 246 GT et GTS dans une version poussée à 195 ch. Spider et Coupé profitent de ce nouveau bloc au même moment.

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Le moteur n’est pas épargné par les critiques avec ses problèmes de fonctionnement à bas régime, sa pression d’huile défaillante et sa déformation des pistons. La boite de vitesse est aussi en ligne de mire car le maniement du levier s’avère flou. La boite de vitesse est désormais fournie par ZF avec un embrayage par câble et non plus hydraulique.

La tenue de route était jugée désastreuse. Le pont arrière issu de la Fiat 2300 S est donc remplacé par tout le train arrière multi bras à roues indépendances de la toute nouvelle Fiat 130 qui hérite aussi du v6 Dino mais dans une version portée à 2,9l.

Le freinage est à 4 pistons au lieu de 3. Le radiateur est agrandi, le système d’allumage revu, le servo frein changé… Les pneus sont aussi différents abandonnant les chambres à air et sont désormais de 205 en largeur contre 185 avant. Les jantes sont désormais fixées par 5 écrous au lieu d’un unique papillon central.

Les performances sont légèrement supérieures. Le Spider pointe à 210 km/h alors que le coupé atteint désormais 205 km/h.

Au niveau du style, ce ne sont que des points de détails qui sont revus afin d’améliorer en particulier la résistance de certains matériaux utilisés. Spider et Coupé sont donc reconduits mais la mauvaise réputation de ces véhicules est déjà bien établies.

Sur le Spider, on note que la grille est différente ainsi que les clignotants avants . A cause du moteur plus lourd, le Spider passe de 1150 à 1240 kg.

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De son coté, le Coupé se contente aussi de modifications simples pour l’extérieur : la grille de calandre est différente, les aérations des vitres arrières sont redessinées, les feux arrières ont un nouveau jonc chromé. A l’intérieur par contre, on trouve une planche de bord entièrement revisitée avec des sièges renouvelés. Le poids passe à 1380 kg.

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La carrière des Fiat Dino se poursuit sans modification notable jusqu’en Juin 1972 pour le Coupé et 1974 pour le Spider. Le remplacement du Spider n’a jamais été effectif dans la gamme Fiat alors que le coupé a laissé place à une version 2 portes de la Fiat 130 équipé d’une version revue et corrigée du bloc Dino à 3,2l. Il y aura aussi l’épisode rapide mais notable de la Lancia Stratos équipée du v6 Dino en version 2,4l pour 195 ch.

De son coté Ferrari poursuit la commercialisation de modèles sous la marque Dino d’un coupé dessiné par Bertone accueillant 4 passagers. La Dino 308 GT4 équipée d’un v8 restera au catalogue jusqu’en 1980 où le nom de Dino disparaitra dans une certaine indifférence.

Les chiffres de production :
Dino Spider 2,0 L : 1 163
Dino Spider 2,4 L : 420
Total des Spiders : 1583

Dino Coupé 2,0 L : 3 670
Dino Coupé 2,4 L : 2 398
Total des Coupés : 6068

Production total des Fiat Dino : 7651

79% de coupé pour 21 % de Spider.
36 % des modèles avec le 2,4l.

A comparer à la production chez Ferrari pour ces mêmes moteurs :
Dino Ferrari 206 GT : 150
Dino Ferrari 246 GT : 2487
Dino Ferrari 246 GTS : 1274

Les caractéristiques techniques :
Fiat Dino 2,0l :
V6 ouvert à 65° de 1987 cc (86 x 57) 12 soupapes
160 ch à 7200 t/m
Couple maxi de 172 Nm à 6000 t/m
2 double arbres à cames en tête
3 carburateurs weber

Fiat Dino 2,4l :
V6 ouvert à 65° de 2419 cc (92,5 x 60) 12 soupapes
180 ch à 6600 t/m
Couple maxi de 216 Nm à 4600 t/m
2 double arbres à cames en tête
3 carburateurs weber